vendredi 11 février 2011

À Étienne Jean Baptiste Claude Théodore Faullain de Banville


      En 1875 ce trouble et digne personnage, guerroyant contre la mièvrerie romantique       ressuscite les rondeaux en un retour aux sources vives de la poésie. Ces fraîcheurs retrouvées sans affectation en font un homme éminemment sympathique. Ses qualités de pédagogue me le rendirent forcément respectable.

      Alors, amis lecteurs, accompagnant le Thé, le Café et le Vin,

Vous prendrez bien quelques « Rondels »
Tels que l’aimable Théodore
En composa ; et je l’adore
Pour cet humour en carrousel !

Dans mon billet trimestriel
Versifiant je vous implore
Vous prendrez bien quelques « Rondels »
Tels que l’aimable Théodore

En composa tout un missel.
Pour son humour, pour ses aurores,
Que mes coups de cœur il décore ;
Parce que j’aime… de… « Banvel »
Vous prendrez bien quelques « Rondels ».


De KOPP Eugène Gabriel

Le Thé

Miss Ellen, versez-moi le Thé
Dans la belle tasse chinoise,
Où des poissons d'or cherchent noise
Au monstre rose épouvanté.

J'aime la folle cruauté
Des chimères qu'on apprivoise :
Miss Ellen, versez-moi le Thé
Dans la belle tasse chinoise.

Là sous un ciel rouge irrité,
Une dame fière et sournoise
Montre en ses longs yeux de turquoise
L'extase et la naïveté :
Miss Ellen, versez-moi le Thé.
  
 Le Café

Ce bon élixir, le Café
Met dans nos cœurs sa flamme noire ;
Grâce à lui, fier de sa victoire,
L'esprit subtil a triomphé.

Faux Lignon que chantait d'Urfé,
Tu ne nous en fais plus accroire ;
Ce bon élixir, le Café
Met dans nos cœurs sa flamme noire.

Ne faisons qu'un autodafé
Des vieux mensonges de l'Histoire ;
Et mêlons, sans peur du grimoire,
À notre vieux sang réchauffé,
Ce bon élixir, le Café.

Le Vin

Dans la pourpre de ce vieux Vin
Une étincelle d'or éclate ;
Un rayon de flamme écarlate
Brûle en son flot sombre et divin.

Comme dans l'œil d'un vieux Sylvain
Qu'une Nymphe caresse et flatte,
Dans la pourpre de ce vieux Vin
Une étincelle d'or éclate.

Il ne coulera pas en vain !
À le voir mon cœur se dilate.
Il n'est pas de ceux qu'on frelate
Et je lirai comme un devin
Dans la pourpre de ce vieux Vin.

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