dimanche 13 février 2011

Enfin sérieux : le Retour de la Vengeance de la Vraie biographie


      G.E.K. a été nourri dès son enfance d’histoires fantastiques et de contes par une mère photographe professionnelle, lectrice effrénée, diseuse de bonnes et terribles aventures, et un père dingue de Spike Milligan. Il a passé une partie de sa vie à écouter d’abord, à raconter ensuite, à trembler dans son lit toujours,  à écouter encore, à lire tout ce qui lui tombait sous les yeux pour éviter le regard des adultes, à fureter dans tous les coins pour finir par écrire… des comptes-rendus scientifiques et des histoires tordues.
      Né dans la noirceur conviviale des mines de Lorraine, peu après la blancheur détachante de la Seconde Guerre mondiale, il a joué très tôt avec le noir et blanc comme avec de vraies couleurs. Jusqu’à ce qu’il découvre l’encre et le papier. Alors, il s’est entouré de paperasses pleines de ses hiéroglyphes et de milliers de livres, méditant d’y ajouter les siens comme éléments supplémentaires d’une bibliothèque de Babel personnelle, échelle de Jacob vers le ciel littéraire, contributions farenheitiennes au bordel ambiant.
      Conférencier recherché, ancien pêcheur de sardines en boîte sur un baleinier de parapluie, sectateur fanatique du Concombre Masqué ( décoré du Cordon de Grand Patatozeur), chargé de cours en faculté, chargé d’années perdant ses facultés, paradoxe en nœud papillon et borsalino, impliqué dans l’enseignement de la sémantique de l’image avec un tour de biceps de 45 cm, et dans l’action culturelle et sportive au sein des établissements de santé, il est présenté par la presse spécialisée et régionale comme clinicien, psychanalyste, philosophe et théologien. Il précise volontiers que cette dernière qualité, de même que ses intérêts pour la sociologie et les bandes dessinées de F’murr, sont plus l’expression d’un souci de rigueur intellectuelle qu’un intérêt fondamental, tout comme sa sollicitude affectueuse pour les loups dans les histoires de chaperons ou de chevreaux, et ceci, dès une enfance placée sous l’égide du respect de l’écologie, des pyramides alimentaires fantasques, de la haine de ces gosses crédules à nattes blondes ou en culottes courtes qui font rien qu’à l’embêter, et de la rente de son psy lors des trente dernières années. Qui a réussi à lire cette phrase ?
      Pessimiste gai à l’instar de Voltaire, féru de cinéma d’animation qu’il définit comme ultime refuge de la créativité audiovisuelle, ce gastronome raffiné, amateur et pratiquant du moka éthiopien et du whisky pur malt, deux arts martiaux exigeants, de Tex Avery érigé en système, de poésie préromantique — fou d’André Chénier pourtant, parce qu’il hait la Terreur sous toutes ses formes —, de littérature française, « la dernière chose qu’il nous reste », et de parfums exotiques, ce nouvelliste acharné et romancier optatif, lorsqu’il prend la plume, s’essaye à tous les genres, en même temps parfois. Le résultat, pataquès risqué, laisse à ses lecteurs épisodiquement, ouf, et à ses éditeurs souvent, les braves, un sentiment d’étrangeté voire un singulier aveuglement quant à son génie primesautier : l’uniformisation y gagne, la mort thermique de l’univers approche d’un pas de plus, ses aficionados — quatre personnes environ — sont dans les affres du manque.
      Lecteur passionné, critique subtil, surtout les soirs où la dive bouteille, une femme séduisante, la douceur de l’été ou les exercices au saxo alto ont enfin réussi à lui déplomber la langue, il est nourri de Freud aussi bien que de Perry Rhodan et de Bird, d’Eugène Sue et du Hollandais Volant dès son plus jeune âge, de Gide, d’Agatha Christie et des sagas des Niebelungen un peu plus tard, de Malraux, de Swift et de Melville à l’adolescence, d’Homère et Alexandre Dumas dans la maturité, de textes scientifiques, religieux et philosophiques de tout acabit en tout temps, en version originale, ou en version sous-titrée pour peu qu’on en eût fait un téléfilm à  l’ORTF avec Léon Zitrone dans le rôle de la voix off.
      Son rêve secret ? Faire, au TNP, déguisé en ALF, une mise en scène de la Critique de la Raison Pure, la tragédie de ce merveilleux dramaturge méconnu qu’est Immanuel Kant, et y tenir le rôle du presse-raquette.

      Il a publié chez Griffe d’Encre en avril 2008 Au Nord-Nord-Ouest d’Éden, une allégorie optimiste. Il y a donné ensuite une représentation pleine d’espoir spatio-temporel en quelques actes hilarants et un joyeux tombé : La Dernière Nécropole. L’éditeur Flammes Vives ayant décidé à l’unanimité de son jury de correcteurs de livrer au public en septembre 2009, le recueil de poèmes Caraïbes, l’auteur a acheté un stock de socquettes de taille supérieure. Elles lui servent dorénavant de bonnet.

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