mercredi 16 décembre 2009

Actus




Une critique écrite l'an dernier...

Une interview radiophonique récente aux Utopiales 2009...

Un avis qui me remplit de joie...



Et à l'adresse de ceux qui en prennent l'habitude : la livraison 7 sera bientôt prête !





samedi 3 octobre 2009






Je suis très ému ! Je tiens dans les mains mon dernier né :


Caraïbes




On le trouve chez l'éditeur FLAMMES VIVES et dans toutes les

bonnes épiceries de produits exotiques : les librairies.





mardi 11 août 2009




Méditation n° VIII - 76


L’évasion ! Maître mot de la société des loisirs. Excellente technique pour faire oublier à tous ces convicts, et leurs chaînes, et leurs galères, et leurs geôles.

Méditations incongrues, extraits du volume VIII : Trois sous d’aphorismes, et une bière pour faire glisser, tome 2

Méditation VIII-64


On ne peut pas s’envoler la besace pleine.

Op.cité

Vocabulaire ?


Asthénopède : de 'asthéno' fatigue et 'pède' pied

Sujet qui traîne des pieds. S’applique à tous les cas, sans discriminations : fatigue adolescente, godillots trop lourds ou surdimensionnés, pantalons qui balayent le sol, pensum où l’on aimerait n’aller qu’à reculons, vacances…


Encéphaloagogie : de 'encéphalo' cerveau et 'agogie' qui conduit

Désigne les techniques de lavage de cerveau et de promotion des réflexes moutonniers comme étalon de comportement social adéquat. Etudié dans les écoles de formation de gourous et de commerciaux. Produit des esprits homéophrènes.


Homéophrènie : de 'homéo' semblable et 'phrène' esprit

Fantasme ou conviction d’avoir le même esprit, malgré les corps distincts. La manière d’être et ne plus être des lemmings adaptée aux humains et qui peut éclairer leur comportement le jour des soldes, lors de suicides collectifs ou des départs en vacances, ce qui revient au même.

Congés

Un château de sable, quatre tours, une ouverture sur la mer, des contreforts de cailloux volcaniques bien noirs. Les murs sont inclinés, épais. Le donjon central ; d’autant plus solide que le héros est de guet au sommet.

Jusque-là le mystère est préservé...

Des ouvrages d’art semblables, il y en a des centaines. Toutes les saisons d’été et toutes les plages où nous débarquons par millions, sont affublées de ces faux grès d’arènes. Imitations réussies, pénibles à voir, fantaisistes d’autres poliorcétiques plus adultes. Celles-ci, moins propices au déni, par le sang encore frais coagulant sur les murs de granits et de basaltes, prétendent résister mieux et plus anonymement aux siècles et aux érosions. Elles ne gardent ni les mêmes grèves, ni les mêmes falaises, et ne subissent pas les mêmes ravinements.

Pourtant toutes tiennent et continueraient à tenir encore les monts de nos rêves si nous ne nous avisions pas de les nommer, lieu, propriétaire, maître d’œuvre ou ravisseur : jusqu’à ce qu’elles entrent en histoire comme on dit en couches, jusqu’à ce qu’elles sédimentent la même mort qui dégoulinait dans leurs culs-de-basse-fosse. Héros et châteaux ont le bénéfice du doute jusqu’à ce qu’on leur invente une chronique, une étiquette et un annuaire.

Mais cette fois, je fus pris au dépourvu dans mes remparts, affirmations dernières et mâchicoulis incertains. Le mystère fut sali de clarté. Un gamin passa près de l’ouvrage et du brave audacieux. Un gosse en balade avec ses parents. Un mécréant de lardon. Un chiard envahisseur... Un cuistre de moutard ! Pétri de science télévisuelle, sorcier de cette nouvelle magie, il reconnut, sans hésiter une seconde, le vaillant qui veillait au grain et lui jeta un sort : il le nomma.

Il n’était personne, mon valeureux, il était sans âge, mon personne-âge. Il était heureux de sa bravoure silencieuse face à l’orage des siècles et accessoirement face à la mer qui montait

Il chut pourtant, d’abord potentiel et poétique, au rang d’homme-araignée caoutchouteux, en vente dans toutes les bonnes épiceries destinées aux parfaits petits consuméristes (PPC). L’idiot du village persista dans sa signature et fit les commentaires adéquats sur les autres plastocs de la gamme, tout en devisant, stéréophonique, avec ses parents silencieux épatés qui l’escortaient par là...

Ayant assuré le monde d’une tranquillité sans faille du fait de sa connaissance, l’hydre finit par s’éloigner avec ses implants-géniteurs et je songeais dépité que mes créatures ne devenaient, elles, des braves que lorsque je les baptisais d’une histoire originale.

La première vague de la marée montante lécha, comme pour une première dégustation, le contrefort de la citadelle « sabuleuse »... La tour ouest s’inclina...

Maudites vacances.

Trois cartes postales et puis s'en va

Regardez !
Vous voyez, là-bas ?
Dans ce bras perdu d’une spirale insignifiante ?
Ce système solaire sans intérêt !
Et cette troisième planète pleine de structures biologiques transitoires…
Vous voyez ce tas de mammifères débiles, remplis de terreurs, serrés fiévreux les uns contre les autres, dans la froideur d’une nuit qui n’est autre que celle qu’ils produisent eux-mêmes ?
Vous voyez les hommes ? Ils attendent une aube qui ne leur a pas fait la promesse de naître. Ils ignorent un crépuscule qui est pourtant déjà là.
Vous nous voyez ? Incapables de retenir la chaleur qui est en nous et qui nous fuit, irrépressible, nous laissant exsangues et faibles à l’infini.

Vu ?
Ok ! Bon ! Ben je ne veux pas en faire partie ! Que quelqu’un allume la lumière !
OÙ EST CE PUTAIN D’INTERRUPTEUR ?

Et pourtant…

Et pourtant j’ai vu les plaines rocheuse de Timanfaya, où les véhicules frayaient sous les congères de roc figées dans leur élan vers le ciel, arcs ; pétrifiées : plein-cintres - qui n’en finissaient pas de tomber.
Et pourtant j’ai vu les volcans bleus d’Hymeth laGande où les laves glacées, mercenaires appointées par les marchands de la capitale, poursuivent le voyageur, amoureuses persécutrices et perspicaces, publicitaires prostituées, jusqu’aux portes électriques de l’astroport, vous déchirant le cœur du chœur de leurs adieux.
J’ai humé les vins de France sur Terre Originelle et fus pourtant séduit par un cru du Chili à deux sous le litre, dont le nez, la jambe, l’ambre et le gouleyant mettaient les yeux dans l’ombre de leurs larmes.
J’ai goûté l’araignée savoureuse du charolais, et son merlan, perdu dans le débat entre protéines et plaisir, le turbot allemand et le colombo de requin. Egaré entre patrie et exotisme, j’ai engouffré les parasites sucrés des confiseurs sauvages martiens - lorsqu’il était possible de sortir sans oxygène -, et je me suis nourri des divines omelettes d’indigènes de Flor Bifida (seule technique, chez eux, de planning familial).
J’ai entendu les chœurs de Jaune Sidantha dont les arpèges pétrissent les muscles mieux que tous les canisièges, et dont les crescendos paralysent les scaraboïdes, brisent les chitines, tuent mais libèrent les fauves ou les hommes.
J’ai entendu chanter les sanglots d’Amalia Rodriguez au fond de mon âme, preuve enfin que j’en avais une, si petite à côté de la sienne, mais une.
J’ai caressé les poussins de Gerkande. Ils sont si doux : les doigts s’endorment, pourrissent et tombent de ravissement, repoussent le temps d’un mystère, dans une douleur exquise, tout à la joie de renaître pour sommeiller à nouveau et se corrompre encore.
J’ai touché les peaux des épousées adipeuses gracieuses hottentotes, tonneaux de cellulite souriants, dont les yeux et les dents, blancs îlots nacrés, émergeaient de faces boudines noires, vite mortes, lustrées et grumeleuses.
Je me suis ébloui de coraux langriens. Ils brillent la nuit en émettant des infrasons. Quand on les pose sur la langue des femmes phosphorescentes leur chant devient lumineux, porté par des airs soudainement radoucis, vers les hommes sombres qui délaissent alors la guerre.
J’ai vu les vols des coccinelles coruscantes sur la saturnienne Gran Buss’Algue, et ces prédateurs féroces, frénétiques, immondes, minuscules, laisser les os curés de troupeaux entiers, carcasses nues de bœufs des sables, monstres de viandes transformés en brindilles blanchâtres, sifflantes de leurs creux dans les vents, fifres de fortune.
J’ai visité une foire aux asticotes sur Toruenten Brue. Celle-ci tourna court lorsque les animales furent émancipées avant la fin de la fête par des pontes jaloux de la qualité d’un élevage mineur. Le rut coutumier ne fut donc pas provoqué lors d’une désignation des meilleures lignées de femelles ! L’année suivante les mâles reproducteurs auraient dû produire par téralitres les sucs de beauté. Les stocks, cette saison-là, ne furent pas renouvelés. Les prix flambèrent. Beaucoup d’éleveurs envieux y laissèrent vie ou fortune, et de nombreux clients souffrirent d’être moins coquets pendant un temps. Certain vieillirent...
J’ai applaudi aux compétitions farfelues d’échecs à boules sur la maudite Razalgueth : aucune équipe ne joue trois fois, et toutes les équipes sont tenues de jouer un jour… Chaque manche compte pour une partie et les vainqueurs reçoivent, entre autre, la tête des vaincus.

Et pourtant je suis revenu

Et
Je t’ai vue
dormir à ma place une nuit, un matin.
Je t’ai vue
belle et approximative, ridicule ou pointue.
Je t’ai vue
dans tes films
- déambule -
nue, parcourir une maison inconnue.
Je t’ai vue
seule.
suçoter du bois de réglisse.
allongée diagonale serrée
Je t’ai vu assoupie à ma place affolée, endormie, exténuée.
Je t’ai vu seule,
Dormir à la place où je m’étais perdu.
J’ai senti, goûté, désaltéré des moiteurs acides, toi.
J’ai suivi, d’une langue hésitante, au bain chaque goutte de ta sueur.
Aveugle, j’ai confondu vapeur et hyménée, sécheresse et poivre.
Je t’ai parlé une première fois au sauna de Ham Sian et tu fus amusée.
J’ai suggéré que la visitation signifiait les femmes bien mieux habilitées à être habitées du divin. Et tu as ri ! Aux éclats. Aux anges. Je ne sais plus si tu as demandé que je demeure.
J’ai vu ton rire et entendu ton sourire lorsque la porte, se refermant, me laissa dans l’ombre sèche et la chaleur.

Alors,
Peut-être vais-je laisser le monde
Tourner encore une seconde
Et peut-être vais-je rester
Encore quelques instants à le rêver
Puis après sa mort-elle, devenir un fantôme-moi.
Noctuelles…

Les facéties qui précèdent sont pour toi, extraterrestre joyeuse du sud galactique, rencontrée dans un établissement de bains neptunien. Tu avais si peur de ton rire, si peur de rentrer sur ta planète sans nouvelles : dans bien des endroits de l’univers le téléphone, eh bien le téléphone, ne sonne simplement plus...

Expédition par TransGal : 34 XI 2345 TGM

Extrait (de force) du recueil de nouvelles : Arpenteurs III ou Les Fins des Mondes.

Actus





Un grand auteur, un scénariste de renom et un des rares hommes qui ont su réellement être créatifs avec ce média difficile, la télévision :

Jean Pierre Dionnet parle d’Au Nord-Nord-Ouest d’Eden sur son blog L'Ange du Bizarre




Fables de La Fontaine

Livre XI fable IV

Songe d’un habitant du Mogol

Jadis certain Mogol vit en songe un vizir
Aux champs élysiens possesseur d'un plaisir
Aussi pur qu'infini, tant en prix qu'en durée :
Le même songeur vit en une autre contrée
Un ermite entouré de feux,
Qui touchait de pitié même les malheureux.
Le cas parut étrange, et contre l'ordinaire :
Minos en ces deux morts semblait s'être mépris.
Le dormeur s'éveilla, tant il en fut surpris.
Dans ce songe pourtant soupçonnant du mystère,
Il se fit expliquer l'affaire.
L'interprète lui dit « Ne vous étonnez point ;
Votre songe a du sens ; et, si j'ai sur ce point
Acquis tant soit peu d'habitude,
C'est un avis des dieux. Pendant l'humain séjour,
Ce vizir quelquefois cherchait la solitude ;
Cet ermite aux vizirs allait faire sa cour. »

Si j'osais ajouter au mot de l'interprète,
J'inspirerais ici l'amour de la retraite :
Elle offre à ses amants des biens sans embarras,
Biens purs, présents du ciel, qui naissent sous les pas.
Solitude, où je trouve une douceur secrète,
Lieux que j'aimai toujours, ne pourrai-je jamais,
Loin du monde et du bruit, goûter l'ombre et le frais !
Oh! qui m'arrêtera sous vos sombres asiles !
Quand pourront les neuf soeurs, loin des cours et des villes,
M'occuper tout entier, et m'apprendre des cieux
Les divers mouvements inconnus à nos yeux,
Les noms et les vertus de ces clartés errantes
Par qui sont nos destins et nos moeurs différentes !
Que si je ne suis né pour de si grands projets,
Du moins que les ruisseaux m'offrent de doux objets !
Que je peigne en mes vers quelque rive fleurie !
La Parque à filets d'or n'ourdira point ma vie,
Je ne dormirai point sous de riches lambris :
Mais voit-on que le somme en perde de son prix ?
En est-il moins profond, et moins plein de délices ?
Je lui voue au désert de nouveaux sacrifices.
Quand le moment viendra d'aller trouver les morts,
J'aurai vécu sans soins, et mourrai sans remords
.


Oui, soit, ce n’est plus très moderne, et le message candide semble de plus en plus irréaliste. Je ne m’en lasse pourtant pas et je m’y reconnais comme vous m’y reconnaîtrez si vous suivez mes livraisons. Pour redonner un peu plus de poivre à mon coup de cœur, je livre la fable suivante qui nous replace bien mieux dans les modes qui trottent...


Livre XI fable V

Le Lion, le Singe et les deux Anes

Le lion, pour bien gouverner,
Voulant apprendre la morale,
Se fit, un beau jour, amener
Le singe, maître ès arts chez la gent animale.
La première leçon que donna le régent
Fut celle-ci : Grand roi, pour régner sagement,
Il faut que tout prince préfère
Le zèle de l'État à certain mouvement
Qu'on appelle communément
Amour-propre ; car c'est le père,
C'est l'auteur de tous les défauts
Que l'on remarque aux animaux.
Vouloir que de tout point ce sentiment vous quitte,
Ce n'est pas chose si petite
Qu'on en vienne à bout en un jour :
C'est beaucoup de pouvoir modérer cet amour.
Par là, votre personne auguste
N'admettra jamais rien en soi
De ridicule ni d'injuste.
Donne-moi, repartit le roi,
Des exemples de l'un et l'autre.
Toute espèce, dit le docteur,
Et je commence par la nôtre,
Toute profession s'estime dans son cœur,
Traite les autres d'ignorantes,
Les qualifie impertinentes ;
Et semblables discours qui ne nous coûtent rien.
L'amour-propre, au rebours, fait qu'au degré suprême
On porte ses pareils ; car c'est un bon moyen
De s'élever aussi soi-même.
De tout ce que dessus j'argumente très-bien
Qu'ici-bas maint talent n'est que pure grimace,
Cabale, et certain art de se faire valoir,
Mieux su des ignorants que des gens de savoir.

L'autre jour, suivant à la trace
Deux ânes qui, prenant tour à tour l'encensoir,
Se louaient tour à tour, comme c'est la manière,
J'ouïs que l'un des deux disait à son confrère :
« Seigneur, trouvez-vous pas bien injuste et bien sot
L'homme, cet animal si parfait ? Il profane
Notre auguste nom, traitant d'âne
Quiconque est ignorant, d'esprit lourd, idiot :
Il abuse encore d'un mot,
Et traite notre rire et nos discours de braire.
Les humains sont plaisants de prétendre exceller
Par-dessus nous ! Non, non ; c'est à vous de parler,
A leurs orateurs de se taire :
Voilà les vrais braillards. Mais laissons là ces gens :
Vous m'entendez, je vous entends ;
Il suffit. Et quant aux merveilles
Dont votre divin chant vient frapper les oreilles,
Philomèle est, au prix, novice dans cet art :
Vous surpassez Lambert. » L'autre baudet repart :
« Seigneur, j'admire en vous des qualités pareilles. »
Ces ânes, non contents de s'être ainsi grattés,
S'en allèrent dans les cités
L'un l'autre se prôner : chacun d'eux croyait faire,
En prisant ses pareils, une fort bonne affaire,
Prétendant que l'honneur en reviendrait sur lui.
J'en connais beaucoup aujourd'hui,
Non parmi les baudets, mais parmi les puissances,
Que le Ciel voulut mettre en de plus hauts degrés,
Qui changeraient entre eux les simples excellences,
S'ils osaient, en des majestés.
J'en dis peut-être plus qu'il ne faut, et suppose
Que Votre Majesté gardera le secret.
Elle avait souhaité d'apprendre quelque trait
Qui lui fît voir, entre autre chose,
L'amour-propre donnant du ridicule aux gens.
L'injuste aura son tour : il y faut plus de temps.
Ainsi parla ce singe. On ne m'a pas su dire
S'il traita l'autre point, car il est délicat ;
Et notre maître ès arts, qui n'était pas un fat,
Regardait ce lion comme un terrible sire.


Pourquoi j’aime La Fontaine ? Mais à cause de la perfection métrique irréfutable de ses vers...


Méditation n° VIII - 104


104 - Apprendre à ne rien faire ? Tu n’es même pas capable d’arrêter correctement de respirer sans mourir. Prendre le temps de vivre ? Qu’est-ce qui te dit que tu as le temps ?

Méditations incongrues, extraits du volume VIII : Trois sous d’aphorismes, et une bière pour faire glisser, tome 2

Méditation n° VIII - 5

5 - Il n’y a rien d’autre ailleurs que ta propre misère, que tu trimbales avec opiniâtreté, alors pose ton sac, assieds-toi tranquillement, regarde le ruisseau, la forêt, le ciel bleu. Et corrige ce demi-lotus merdique !

Méditations incongrues, extraits du volume VIII : Trois sous d’aphorismes, et une bière pour faire glisser, tome 4




samedi 30 mai 2009




Méditation n° II - 7


Le temps du poème, c'est le temps de l'agonie.

Méditations Incongrues, extraits du volume II : L'extase des clercs

Méditation n° I - 23


Croire qu’on parle de la même chose parce qu’on emploie les mêmes mots me semble une folie qui émarge aussi bien à la volonté de standardisation née au 19e siècle qu’à l’idéal raciste de refus de la différence qui en est un résultat. […]

En tout état de cause, c'est la fin de la poésie.

Méditations Incongrues, extraits du volume I : L'art subtil de la déception

Synopsis


Synopsis
Lettre ouverte pour des éditeurs et des lecteurs encore poètes

Saisi par une idée, ravi par les chimères,
J’écris tout plein d’allant mes petites chansons.
Feuille à feuille j’emplis mes cahiers de brouillon,
D’ébauches et d’essais, de traits à ma manière ;

Quand, l’âme satisfaite et l’esprit insolent,
La fin m’est entendue, la rimaille complète,
J’arrache par pudeur la limaille imparfaite
Et lui fais miroiter un destin moins galant.

Rougeoyante équipée, suprême sacrifice
Pour leur dernier instant, des pages vont au feu
Compagne des nuées vers un ciel vaporeux,
Complices des oiseaux promenant mon caprice.

Délavés, portulans obscurs et défraîchis,
D’autres vers déchirés par mes mains impatientes,
Mouillés par les odeurs, constellés par les fientes,
Au trajet des déchets finiront confettis.

A moins qu’un doux refrain coulis sous bonne étoile,
N’en protège un parti, modeste cerf-volant,
Et l’emporte au hasard, propulsé par le vent,
Chercher un autre port, navire à toutes voiles.

Sur les branches des airs, sur un arbre aérien
Le flocon griffonné qui finissait mistoufle,
Au lecteur indiscret ne dira dans un souffle
Que quelques mots sans fin dérobés à ma main.

Si, passionné lecteur emporté vers le rêve,
Les esprits griffonnés te prennent volontiers,
Tu lis et tu relis cette missive brève ;
S’ils confient à ton cœur ce qui s’y recueillait,

De l’ode parcourant le layon déchiré
Les taches, les défauts, les clairières partielles,
Persévérant ami, que les mots ensorcellent,
De l’écrivain perdu te seras rapproché.

Si ma mémoire est bonne, ou les mémoires des autres, Paul Valéry disait qu’il publiait pour arrêter de corriger. Le message est plein d’humour et de sagesse, mais loin d’être clair si on le lit à la lettre. A peu près comme ce premier mot, « Synopsis » entre « Sy » et « si », où me voici saisi par le verbe, dès avant de le dire, avant même les dits et l’édit.
Foin d’enjouement et de joliveté. Soyons si (encore) possible (bis) circonspect et circonstancié (oui, si si… et j’en oublie) : je lis, j’écris depuis longtemps mais je n’ai pas encore réussi à déterminer laquelle de ces deux aventures nourrissait réellement l’autre, d’un pain plus savoureux que celui de l’apparence. J’ai eu des soupçons toutefois, et sur la foi de ces soupçons - voilà un évènement, des soupçons qui ratissent large et trouvent une foi - je crois nécessaire d’y croire :
« Tu dois le dire trois fois » susurrait le démon dans Faust.

Ecrire, par le passé, proposer à la publication au présent (soyez magnanime devant ce coup philosophique) sera une manière que mes plus vieux fantômes débarrassent enfin le plancher : à force d’accumuler les tréteaux, on empile les plafonds, on se prend solives et chambranles plein la tête à la moindre marche ; au plus petit pas apparaît un coincement, au plus infime mouvement un pinçon térébrant : un chef plein de poutrelles et possiblement des tas de bosses douloureuses.
Peu de place en tout cas, pour de nouvelles apparitions : c’est utopique d’œuvrer sans un ménage dans un tel manège.
Bref ! Monsieur mon balai, il faut que cela sorte.
Que cela aille chez des autres, fasse une livre, ou un livre, une chose d’un demi-kilogramme ou d’un demi-kilomètre, auquel essoufflé par le poids ou la distance je ne puisse plus imputer mes apnées ; que ses erreurs ne me coupent plus le souffle, sauf, ultérieurement, acta est fabula, par graffiti studieux !
Pouvoir dire de quelque chose : « C’est fini », quel repos effarant et délicieux.

Allons, âne et bât à la fois, reviens à tes fariboles, tu es convaincu que la rigueur est poudre aux yeux, mais qu’écrire de la poésie demande pourtant d’être très rigoureux. Perlimpinpin ! On n’est jamais certain. Passez muscade : sait-on ce que l’on dit et ce que l’on laisse en rade ? Radotons :

Madame ou monsieur l’éditeur (trice) de littérature (dur)
Madame ou monsieur l’éditeur (trice) de poésie (si)
Messieurs-dames les combattants et défenseurs des causes perdues (du)
Lecteur… trice
Qui goûtez la vie (vice)
Salut

Ce que ces années d’écriture m’ont apporté ? La fin de la pudeur ? Je bricole des vers méprisables : ils émeuvent aux larmes les fêtes de village, les anniversaires, les enterrements et les rencontres de patronage. Dans les sous-sols où se bouleversent des gens de toutes races, ils bouleversent les gens auxquels je les dédicace. Ils rient, confus, généreux, reconnaissants, et m’invitent, pour marquer le coup, à un verre ou une tablée, un sandwich ou une fricassée, me racontent alors leurs joies, leurs peines, leurs vies. Je donne le poème et je reçois à manger. On me nourrit ! Qui a dit que cela ne munissait pas son homme ? Qui a prétendu que personne ne donne ? Ce n’était pas un pauvre, en tout cas. Aussi je cherche qu’existe une poésie vivante et donnant de la vie.

Que ceux qui s’en réclament clament un instant autre chose qu’un déni : maigres agonisants ou menteurs hystériques, hiératiques exorbités au-dessus de la racaille, sanglotant parce que la popoésie est inénédite et ne fait plus recette de popotte. Z’ont qu’à faire gras, de qualité, et populaire ! Na !
Le règne de la facilité et du mépris est un complot pour faire mourir la littérature. Montaigne est enterré. Rabelais est bien mort. Seuls quelques cadavres exquis cliquettent encore.

Le silence se fait enfin.
Le chant alors s’élance :

« Chemine,
Divague,
Attarde-moi.
Titube, recule, jaillis,
Regarde-toi.
Hésite, vois ta déroute,
Profite du suspense,
Essuie le sang
Et la sueur de la route
Avec ton chiffon d’horizon.

Interroge et simule,
Déraille, détaille,
Voltige,
Tombe sur le cul
Et va, retrouve ton sillon.
Vole au dessus de ton gramophone,
Il faut que ta voix,
Laser aphone,
Porte ! »

Et il franchit la porte,
Echappe.

Dix mille vers.

Et s’il franchit la porte
Elle, échappée,
S’y perd

Si j’ai bien retenu le cri des muses, le message en filigrane, j’aurais définitivement triomphé d’Apollon en continuant de ciseler des vers maladroits qui tentent de parler aux cœurs assemblés autour d’une table où l’on boit réellement, où l’on mange en mastiquant avec de vraies, ou de fausses, dents, et postillonnant, où des voix incarnées murmurent à l’unisson dès la seconde lecture, et chantent à la suivante, car la mémoire, la mémoire n’est-ce pas ? Mnémosyne ? Entre poésie et musique paroles à coup d’émotions se montre une échappée, une métaphore qui abouche la transcendance à la répétition.
Muse ! Ecoute ! Je proposerai des vers de remerciement à l’hôte qui ensoleille ses menus d’un air de ciel bleu et d’un sourire de bienvenue, là-haut près des vignes pas encore vendangées en un mois d’octobre aux beaux restes dorés, et je lui écrirai un mot pour sa bière simple, fraîche, fine, amère et pétillante, en attendant son vin. Un alexandrin pour sa saucisse paysanne et sa moutarde, et s’il le faut je le ferai allemand, pour un verre, avec de la rime, de la pauvre ou de la riche, de la césure à l’hémistiche, de celle qui se travaille et se bricole, cent fois sur le métier on s’y colle, et pour paraphraser Genet, je chercherai à être entendu de Ronsard et qu’il me lise et me jette. Quelle fête !
J’en suis déjà à la métaphysique ? Lecteur, au terme de cette lettre vous aurez, saisi par les ondes douloureuses de la migraine, besoin d’une prescription, de comprimés ! Vous cacherez le pli, maniaque momentané de l’ordre vertical, publication peu, poubellication oui. Cette lettre passera pour lettre de cachet, ordonnance, remède pire que le mal, missive mi-dite, mise en lumière et à l’ombre. Potion à avaler d’un trait sans grimace, juste après le repas : hors d’ici pesantes fumerolles ! Digestions difficiles, je vous vomis sur page blanche, je passe d’une rumination malaisée à une gestion du dire écrit.
Des poésies s’accumulent ? Je suis fichu ! Savez-vous que je pleure en faisant la liste des courses, transfiguré en litanie, confit en dévotions. Confiture d’homme. La poésie ? Qu’elle m’emporte un instant !

Gérontes

A tombeau ouvert
Sur mer et sur terre
Barbus

Vingt vieux barbichus
Se tapent le cul
Par terre

Mauvais caractères
Méchantes misères
Chenus

Vains dieux pauvres hères
Se grattent leur derrière
Crépu

Foncent sans vergogne
Tirent pleines pognes
Des poux

Des poches à trous
Et pas un seul sou
Carognes

Puis ce tas d’ivrognes
Qui pue et qui grogne
Echoue

Au fond d’une soue
Eclaboussant tout
Ils hognent !

Listes de courses ? Qui peut prétendre à la réalité lorsqu’il écrit ? Qui érige la crédibilité en critère ? J’ai le sentiment, affaire de vibration, que la trace matérielle de l’encre sur le vélin est bien moins proche de l’objet que le vent et l’onde, portants de la parole. Alors, de genres ou de gares ? Gare, on se goure avec ces giries qui paraissent garer la littérature dans des grilles !
Demanderiez-vous des extraits ? En voici !
Et je vous souhaite, pour la peine prise à maintenir les flambeaux du verbe, que la musique des mots vous soit polychrome, c’est-à-dire ait ce don fellinien enfin, de synopsie.


Cinéma !

« Marche dans les villes,
Décris-les de l’une à l’autre, vagabond aventurier ! »
Je fais des kilomètres de solitude à ma façon Charlot.
Je marche, marche toujours, prince sans divertimento...
Il pleut ! Verlaine se détisse de ma paroisse malaisée,
En quelque endroit de mon cerveau
Pose sa plume à nouveau,
Me regarde et me distille :
« Tu parlerais d’amour, ou de cul, à une fille mouillée,
Qui pleure et danse son sourire sous les cordes tombées ? »
Je viserai, oui, ses courbes affines, et à la sortie de l’usine
D’un rire lui chanterai : « Je cherche après Titine ! »
Jusqu’à l’estaminet.


Très cordialement,
G. E.K




Heureux de vous annoncer pour la rentrée la parution

du recueil de poésie Caraïbes chez Flammes Vives (le contrat vient d’être signé)

votre serviteur ne reculera devant aucun sacrifice :

il consent à mettre ses vacances à l’encan pour vous proposer

ses poèmes de voyages.







La Dernière Nécropole, ma prochaine novella,
est annoncée aux Editions Griffe d'Encre pour la fin de l'année 2009.






jeudi 9 avril 2009





Méditations 54, 21 et 81


54 - La visitation ? Peut être cela veut-il simplement dire qu’une femme mieux qu’un homme peut être pénétrée de la force et le message de Dieu…Voilà qui sent le fagot.
 
21 - Seule une femme peut trouver de l'harmonie dans les gris. Les plus subtiles mélancolies et les meilleures gloires sont féminines. Les hommes, quand ils sont dans ces registres, ne peuvent que plastronner ou s'effondrer.

81 - Les femmes nues ne sont jamais aussi belles que lorsqu’elles sont habillées.


Méditations Incongrues, extraits du volume II : L'extase des clercs et volume III : N'ayons pas peur des mots

Appels

[…]

Ma pensée ressemble à ces chansons merveilleuses qui continuaient quand le pick-up était éteint. Si on avait la maladresse de pousser le bouton, de couper le courant en laissant l’aiguille du phono sur le disque, en tendant l’oreille et en se rapprochant des sillons, on pouvait entendre encore, le temps de l’élan, le temps de l’inertie, le temps de la course finissante de cette aiguille, entendre encore quelques vers discrets, confidences d’un monde sans électricité. Des fantômes nous parlaient en chantant.

Je la fuis depuis des années, l’impulsion de partir, de quitter mon microsillon de vie bien réglée et anxiolytique. Mais elle est en moi comme cette pointe de saphir, banderille lancée sur le tracé de mon existence en spirale, à dire des mots à la file n’ayant rien à voir avec sa matière. Un mot, quelques phrases, intelligibles parfois, aphasiques à d’autres moments, une littérature inutilement grandiloquente, des choses peu convaincantes du genre : « Voilà un chemin que tu ignores… »

J’ai régulièrement été affolée. J’ai pensé bien sûr à des hallucinations, à un délire. J’ai tout essayé, des petites pilules de bonheur aux chocolats, en passant par le sport à outrance, ou les crèmes glacées. M’étourdir avec de nombreux amants, porter des enfants, une vie professionnelle haletante, n’y ont rien fait non plus. Des maux de tête à affoler les neurologues ont laissé les scanners muets et la résonance magnétique apathique. Les gynécologues, ont évidemment parlé de syndrome prémenstruel. Un signe si régulier et constant bouleversait même les statistiques les plus sanguinolentes.

Je voulais juste vivre une vie tranquille, bourgeoise comme on dit. Toutes ces histoires de gens prenant la route, abandonnant tout ou qui prenaient conscience de l’inanité de leur existence, m’intriguaient plus qu’autre chose : on pouvait être attiré ou fasciné par un rogaton dégoûtant, par des animaux chimériques, des bestioles extraordinaires ou des gens du cirque. Un instant, rien de plus. Tel un regret, une dent qui grince, un sinus poignant et un oubli, un utérus douloureux, un instant de spasme. On rêve et puis on découvre qu’on n’est pas faite pour ce genre de réalité. On se fait une raison. Et « on » c’est moi : l’épouse, la mère, perdue dans des responsabilités des plus importantes ; plus prenantes et imposantes que tout le reste.

L’inanité de l’existence ne me tourmentait pas. Au contraire, la futilité de la vie tissait le noyau de mon refus. J’étais plutôt persuadée de l’importance de ma présence au monde. Ce qui m’affolait ? Cette conviction m’affolait ! Et les messages réguliers que je recevais… Tout concourait alors à renforcer une idée : j’étais folle, d’une folie atypique qu’aucun médecin ne pouvait identifier, une maladie orpheline dont les parents sous « x » avaient disparu ; ou bien j’avais une tumeur, mais pas repérable, par aucun appareil aussi obscènement investigateur fût-il, et dotée d’une excroissance exotique que le plus finaud des neurochirurgiens n’aurait pu aller chercher avec les aiguilles nanométriques ou les lasers bleus les plus sophistiqués.

Ou bien c’était vrai.

Voilà la cause de ma maladie ! Cette dernière option a failli m’étaler raide dingue. Parce que je n’en voulais pas. C’était de la mauvaise science-fiction. Ces trucs n’existent que dans la littérature. De la littérature de gare. Encore partir ! Mon mental toton infinitif tétait du rail ou du bitume à chaque mot aventuré.

[…]

Extrait de la nouvelle « 
J’étais si triste devant ma crème glacée » du recueil inédit Arpenteurs

Le dernier mot

- Mes sœurs Jacques
Mes sœurs Lianes
Je vous dors. Dormez-moi
Je vous rêve ; rêvez-moi
Je vous danse, dansez-moi…
Je vous chante, dites-moi ?
Je vous vante, hantez-moi.
Soyez soyeuses fantômes aventureuses
Soyez joyeuses qui soignent leurs parcours dans mon château
Et dans mes tours
Comme un fleuve en crue
Femmes
Je vous charrie, toutes nues
Comme ponts et passerelles
Je me promène
Avec vous,
Mes reines toutes belles
Au-dessus

Dames,
Blanches fleurs qui fanent
Quand leurs héros malandrins
Roi d’avenirs incertains
Flânent
Et s’égarent en chemin.

Les clochettes à mon bonnet tintinnabulent
Qui danse sur les fils de ton royaume.
Si, dédale de couloirs,
En mon passé forteresse, tu erres
Mur, je m’éternise et je me perds
Lézard entre tes fentes
Je tisse, trappeur, ma vie de bouffon funambule dans tes entes
Nettoie mon chagrin dans tes cascades et tes fluides…
Me noie dans tes méandres, tes espoirs : « Suivez le guide ! »
Suivez le bruit, suivez la plainte
Et puis
Ressaisi
Je te dors ! Tu me rêves !
Je te danse et tu me chantes.
Ça te chante, te caresse
Je te caresse et tu m’échancres
Je te hante, tu m’envoles
O ma reine du présent.

- Retiens-moi, car le vent
M’emporte
O mon roi de l’avenir
Je viens avec toi
Sur les ailes

Des soupirs...   

Méditation n° 66


Quel étonnant spectacle, une femme qui s’habille. L’objet du désir se voile et permet de relancer le désir du dévoilement. Je me plais à souhaiter que ce temps dure et dure encore pour saisir le moment quand l’envie me revient. J’en raffole.
Quel prodigieux spectacle, cette femme qui s’habille !
D’autant qu’il donne l’espoir qu’elle va enfin s’en aller.

Méditations Incongrues, extraits du volume V : Le coup de pied de l'âne


dimanche 1 mars 2009





Parution du Poême "Ourse" dans l'Anthologie 2009 chez Flammes Vives




Un écrivain haguenovien en lice pour le prix Merlin


© Dernières Nouvelles D'alsace, Dimanche 01 Mars 2009. 


Au nord-nord-ouest d'Éden, premier roman de science-fiction de l'écrivain haguenovien Gabriel Eugène Kopp, figure parmi les 41 ouvrages sélectionnés pour l'édition 2009 du prix Merlin, « prix de la littérature de fantasy et fantastique francophone ».

Le prix Merlin récompense depuis 2002 un roman et une nouvelle de fantasy ou de fantastique parus l'année précédente. Il n'y avait pas en France de prix du public pour la fantasy francophone. Décerné par le club Présences d'Esprits, qui fédère les amateurs de fantasy, de fantastique et de fantastique de tous horizons, il a été baptisé du nom de Merlin, « démon », prophète et enchanteur - « le personnage idéal pour en être le patron ».

Au nord-nord-ouest d'Éden, paru l'an dernier aux éditions Griffe d'encre, suit une enquête captivante consécutive à la découverte dans un glacier d'un étrange cadavre à la « tronche de gargouille ». L'auteur, psychologue de profession, y utilise la science-fiction pour parler du monde actuel et de ses dérives - consumérisme irraisonné, gâchis écologique - dans un roman court et dense à la structure acrobatique et au style brillant.

Les votes sont ouverts sur internet (http://presences-d-esprits.com/prix-merlin/listes.php) jusqu'au 16 mars. A l'issue de ce premier tour seront dévoilés les romans finalistes.


ARF HA 01

mercredi 25 février 2009

dimanche 22 février 2009

Méditations 146, 153 et 239


146 - On a besoin de l’autre ? Oui, certes. Il faut juste surveiller le degré de cuisson…

153 – Tu veux aller de l’avant ? Insensé ! Il n’y a rien que du sûr par là.
239 - Se battre pour faire sa place au soleil ? Ce jeune élève est fou ! On est bien mieux à siroter un cocktail à l’ombre.

Méditations Incongrues, extraits du volume 7, tome 2 : Le porteur et son joug



Voyelles


Je voudrais dans la mare
Attraper des canards
Et sacrifier les veaux
Boucher-poète charcutier-musico

Je voudrais faire mer
D’un océan d’hiver
Nager entre deux eaux
Ecumer des blancheurs et des petits chevaux

Je voudrais être pire
Et dévorer le dire
La gibecière au dos
Bourrée à craquer de mots

Je voudrais être fort
Et découvrir de l’or
En tas et en monceaux
Plein wagonnets à tire-larigot

Je voudrais être dur
Et traverser les murs
Explorer les carreaux
Sans souci de fracas ou de maux

Je voudrais être lyre
Et embaumer la myrrhe
Et puis chanter tout haut
Des vers anciens rendus… nouveaux

Un fonctionnaire intéressé

[…]
Le caisson n’est à priori pas destiné aux humains… (Quand on n’a pas de tissus interstitiels solides on s’abstient, ou on quadruple de volume en quelques clics, puis encore quelques clics plus tard, puis encore…) Ce n’est d’ailleurs pas la seule espèce-cliente qui doive malheureusement renoncer à s’en servir. Nous pensons par exemple…

« Charriez pas, le dernier qui a voulu tenter le coup malgré les avertissements réitérés s’est liquéfié dès la seconde étape. Quoiqu’on ne sache pas réellement s’il était encore vivant, si on peut appeler ça comme ça, quand on l’a tiré de la glace. La cryo a ses limites n’est-ce pas. Mais il avait laissé des instructions, alors hop on a continué hein ! »

J’ai compris un peu trop tard que le bruit émanant de l’aldeb, et que son traducteur automatique pris de folie tentait de travailler comme si son champ magnétique devenait goniorrhéique, était en fait un rire. Terrifiant. Quasiment tout le bar s’était vidé quand le trafiquant avait dit qu’il allait en raconter une bien bonne. J’avais déjà fréquenté des gusses de ce genre mais jamais entendu leur rire. Donc je ne pigeais pas pourquoi tout le monde filait, et les gestes frénétiques dans ma direction, que certains, pris de pitié certainement, faisaient en indiquant l’interprète. Il m’a demandé si je savais ce qu’était un anuas et si j’en avais déjà essayé un… Pff, c’était comme si on me disait de chercher la clé du tarmac d’un astroport de campagne. Lui, ça le faisait « marrer ».

Mais on ne peut pas faire le vexé avec un aldeb adulte en phase apparente de transition mâle-femelle… Si c’est le seul moment où ils causent et font des affaires, c’est aussi le seul moment où ils ont de l’humour - quoique d’aucuns prétendent cet humour extrêmement relatif - et cherchent à le partager avec une insistance, disons, susceptible.

A mon grand soulagement, un temps infini plus tard (en fait quarante secondes environ, mais c’était assez difficile à saisir vu le bruit infernal que faisait le verre brisé qui dégoulinait encore des étagères) son caquetage tonitruant prit fin…
Le bar rouvrit ses portes. Il tendit l’un de ses appendices communicationnels vers moi :
« Nous cherchons un Taprobane, et payons cash, en colloïdes thalassoastres. »

Je faillis m’étouffer en entendant le traducteur baisser le ton et annoncer le poids : mille unités ! Mais je n’étais pas né de la dernière pluie ; ce coup là on me l’avait déjà fait et je m’étais retrouvé avec de la roupie de sansonnet. Je veux bien être un bureaucrate vénal mais que ça rapporte quelque chose qui valait plus que du pezozie vulcanovien ! La morale peut avoir un prix après tout et ce prix doit être payé en monnaies valides, sinon on ne peut plus se fier à personne. Il perçut mon hésitation sous mon début d’étouffement et rajouta :

« En bathyphase bien sûr. Seriez vous intéressé cher voisin ?»
[…]
Extrait de la nouvelle libre de droits « Charité bien ordonnée » parue en 2005 au Cafard Cosmique sous le titre « Publicité bien ordonnée »

Variations oulipiennes



Sur le thème rebattu des vacances, définies vulgairement à l’anglaise : see, sex and sun, ces quelques à-peu-près codés en devinettes sur les cartes postales envoyées pour amuser les amis. Evidemment les indications entre parenthèses ne sont là que pour le confort du lecteur actuel : j'ai laissé les amis barboter sans leur donner ni thème ni indice, histoire que nous nagions de conserve.
Les solutions sont fournies en rouge.


Exemple

Encore et toujours la même chanson (rengaine) parvenait tout doux vraiment à me lasser.
la scie
Traverser les flots jusqu'à cet ancien canal français (Suez), me parut un bon
Lesseps
subterfuge pour échapper aux ondes lancinantes.
le son

Double

(lire casinos à l’allemande kassinos, oh !)
Les casinos dans cette contrée sont limités :
si cette sont
le six et le sept vous permettent d’empocher
six sept
jusqu'à cent fois la mise.
cent

Traductions ?

« Enfin un instant pour voir la moitié (voir)
see
de mes quatorze fils », me confia par (14/2 fils)
sept sons
ici l’ascète Xénophon. (phon, phone, son )
ci cèteX phon

Par définition

Je peux enfin me consacrer à ce berger écossais facétieux (colley)
Lassie
dont l’unique plaisir semble être d’éviter les flaques
le sec
pour ensuite, fier de sa démonstration, nous la jouer pédagogique.
leçon


Vocabulaire ?


Démonomètre :
de ‘démono’ diable et ‘metre’ mesure.

Ustensile inventé par les dominicains pour mesurer scientifiquement le degré de pénétration d’un possédé par l’esprit malin. Suggère fortement la torture par le pal mais celui-ci est un appauvrissement des utilisations possibles du démonomètre.


Pétropnée : de ‘pétro’ pierre et ‘pnée’ respiration.

Processus d’une telle lenteur que personne de la vie d’un homme n’a réussi a l’observer.

jeudi 8 janvier 2009

Actus





Après Ce soir de Juillet, Nuitamant, La Plaine Mer et Chirurgie Chatte, édités chez Flammes Vives en 2008, la revue Chemins de Traverse aux éditions de L’Ours Blanc publiera dans son numéro de décembre deux poèmes extraits du recueil MUSIQUES : Je ne suis plus amoureux de toi et Nouvelle-Orléans







Méditation N°137



Ce qui me fait plaisir ? La lecture de Malraux, méditer les textes de Descartes et de Montaigne, la musique baroque, le désert, une corbeille de fruits frais, un vin délicat…
Oh, pardon, vous pensiez à autre chose en posant la question ?
Mais là, il y a une confusion ; vous vous attendiez sans doute à me voir épiloguer sur les maladresses reproductrices ataviques et stéréotypées que l’on a l’inconscience criminelle d’appeler sexualité, ou sur leurs déguisements pitoyables, le soi-disant érotisme ! Détrompez-vous, ces fariboles me permettent juste de retrouver rapidement un esprit disponible pour autre chose de bien plus créatif, et sans devoir recourir à l’automutilation, économiquement moins rentable.

Méditations Incongrues, extrait du vol. II : L’extase des clercs

Petits papiers sur le cinéma et la culture


[...] Qu’une œuvre soit le reflet de son temps n’est pas la question : que peut-elle être d’autre, puisque son créateur est enfant de ce temps ? Qu’elle puisse traverser les années, toujours évoquer de l'inédit pour ceux qui apprennent à lire et à relire, étonner par un sens nouveau ou un style original est autre chose, mais constitue aussi bien le sol d’un travail artistique. Personne ne contestera qu’une œuvre d’art se révèle dans le respect de certains codes de phrasé et de diction. L’esthétique est d’abord formelle ; ensuite - le retour du temps - elle devient glorieuse, tendre, suave, maléfique ou pompeuse. Ceci est un autre débat, futile et réservé à un soir que j'aurais envie d’être futile.
Ce soir, ami lecteur, j’ai surtout peur...
Je ne suis pas passéiste ; je suis prêt à admettre que chaque époque a son génie, sa terreur et sa souffrance ; je suis prêt à considérer qu’il y a de l’intelligence en ce siècle, il y en a bien des preuves. Malgré tout j’ai peur, car nous contribuons de plus en plus, par nos soucis imaginaires de possession, à la fabrique de générations sans lecture et sans effort intérieur : les illusions de quelques dinosaures bibliophiles et esthètes seront vite désossées par la cuistrerie érigée en dogme, la violence idéologique et la pression démographique utilisées comme arguments de vente. La publicité est déjà tellement présente en nos vies que nous ne pouvons presque plus regarder un film, s’il n’est pas sémantiquement typé et saucissonné ! King Arthur restera pour beaucoup une histoire de loup qui cavale !
J'ai tant de fois radoté « Ignore ton histoire et tu seras condamné à la répéter » que je finis par oublier certains aboutissants de mon proverbe : sommes-nous assez héros pour sortir d’un tel « Disque Rayé », assez héros pour insister sur la lecture dans un pays (et dans ce monde) tellement convaincu de l’excellence de son passé qu’il ne voit plus croître l’illettrisme ?
Sauf s’il était devenu nécessaire de le faire croître caché, pour que l’esprit de réflexion et de critique disparaisse et que les loups recommencent impunément à bouffer les agneaux avec l’aide des chiens acquis au consumérisme. Triste fable et pauvre seconde apparition du loupiot [...]
Alors, rêvons encore quelque temps, ami, avant le Soleil Vert.
A quoi ressemblerait une salle obscure où un film éternel déroulerait ses spires sans personne pour s’endormir entre ses bras, et rêver d’un film qui se déroulerait dans une salle obscure sans âme pour le regarder ressentir, s’endormir et écouter son rêve monocorde chanter une histoire d’enfant, et s’endormir, une salle obscure et vacillante, dans la lumière entre les lignes ?
Préparez-moi donc le printemps, monsieur le cinéaste! Cuisinez-moi du rire et du pathos, accommodez encore Zélig et Napoléon à une sauce du vieil ours Orson. Faites-moi un été de toutes pièces, où le travelling panoramique poussiéreux de la diligence de Stagecoach, privée de Peaux Rouges un instant, ouvre sur un Fields bourgeonnant bougon au bras de Bugs Bunny. Réchauffez-moi, cuistot de la pelloche, un automne pékinois plein d’images de femmes nues dansant sans vulgarité leur sensuel tango d’amoureuses devant Perceval affairé à bouchonner Rossinante. Réduisez-moi une sauce hivernale où le divin Kurosawa se marierait enfin avec le succulent Fellini : à l’abri de tous les maires de palais ils mettraient au monde des desserts de toiles fantastiques...
« Dis, tu te souviens, Robie, des mystères de l’Id ? Oui, monsieur, mais aussi de la recette du whisky. Faut pas négliger les valeurs fondamentales, quand même. »

En tout cas, à ce qu'il me semble, aujourd’hui nos rêves sont préparés, prédigérés et préchiés pour des clients dont l'éducation limite la capacité d’attention à celle d’un poisson rouge. C’est sans doute nécessaire afin qu’ils n’aient pas le délai gustatif (la distanciation) pour se rendre compte qu’ils bouffent de la merde et qu'ils en sont heureux.

[…]

Extrait de « Petits papiers sur le cinéma et la culture »


Parfois mes mots camelot


« Mes mots sont de toujours !
Hurlait le camelot,
Ces fameux mots-là
Sont d’avant toute guerre,
Sont d’avant tous les temps,
Toute génération d’avant !
Mes mots sont pubères
Depuis belle lurette.
Tous ces mots d’aujourd’hui
Ne veulent plus rien dire ;
Tristes notions
D’après tous les déluges,
D’après tous les refuges,
D’après toutes les vies,
D’avant toutes les fêtes…
Achetez, achetez
Soyez pas bêtes,
Pas chers et très beaux
Mes vieux mots. »

J’en achetai un lot.
A la maison sitôt
Je défis la faveur,
De mon paquet de fleurs.

Au fond de la boîte vide
Un seul verbe avide,
Terré au coin du carton,
Toutes dents affûtées
M’attendait :

RACONTER




Poême d'André Chénier


« Dans nos vastes cités, par le sort partagés,
Sous deux injustes lois les hommes sont rangés.
Les uns, princes et grands, d’une avide opulence
Etalent sans pudeur la barbare insolence ;
Les autres, sans pudeur, vils clients de ces grands,
Vont ramper sous les murs qui cachent leurs tyrans,
Admirer ces palais aux colonnes hautaines
Dont eux-même ont payé les splendeurs inhumaines,
Qu’eux-même ont arrachés aux entrailles des monts,
Et tout trempés encor des sueurs de leurs fronts. »

André Chénier trahi et guillotiné par ses propres amis vérifie encore une fois l’adage de Talleyrand.

Ce morceau brutal, tiré d’Hermès (prologue du 3e chant), montre assez que si le poète peut être confondant de naïveté quant à sa perception de la réalité des hommes, son analyse du monde est, elle, confondante de lucidité.

Pourquoi j’aime André Chénier ? Mais à cause de la pureté de ses vers !