vendredi 21 mai 2010
Posons un lapin, détalons, je retiens un, coup du lapin !
Combien restait-il de lapins, au dernier recensement ?
De lapins VIVANTS ?
C’est connu, les carottes, c’est bon pour la vue. Pour preuve, on n’a jamais vu de lapin porter des lunettes. Jusque-là tout le monde rigole. Plus ou moins, selon la tolérance aux vieux bons mots. Jusque-là, on parle d’une blague plus ou moins éculée. Blague ? Voire ! Personne ne pense à une vérité scientifique absolue. Pourtant…
Vu le nombre de lapins qui existent encore, et malgré les alertes à l’espèce en voie de disparition, personne n’a pensé à Claude Bernard - la répétitivité de l’expérience dans les mêmes conditions. Personne n’a osé soupçonner une preuve (larga manu vu le nombre de sujets) que les carottes sont bonnes pour la vue…
Ou que les lapins nous cachent quelque chose !
Hé oui, quand le bouquin mate la hase en la rabouillère, qui songe un instant qu’à défaut de bésicles le lagomorphe zieute peut-être à travers des zeiss souples !?
Qui médite que les lapins puissent nous blouser et portent des lentilles ?
On pense que ce joyeux, doux et dégueulasse garenne se contente de ruminer ses propres (sic) fientes, de les trouver succulentes, et ne s’en détourne une bonne fois que quand il en a conchié ses tunnels et qu’elles daubent sévère… L’analogie est frappante, n’est-ce pas ? Et si je rajoute qu’il s’accouple toute l’année, qu’il vit la nuit, revit dès que le jour disparaît, qu’il clapit certes, mais couine quand il baise et, pire, commet un chant du cygne au moment de claboter… ça ne parle à personne ! Le moment de la mort est-il l’instant de commettre une incongruité aussi vaine que l’a été toute une vie… au lieu de causer intelligent quand on en avait le temps ?
Lecteurs ! Pensez à quelque chose d’important !
Pensez à ce lapin !
Et si je rajoute qu’il est aveugle au rouge orangé… Au nom de Nanabozo ! Au nom des dieux, réfléchissez : c’est la couleur des carottes !!!
Humanoïdes ?
[…]
Il fait bon, Dans le terrier, On est descendus, Pourtant, les lumières sont douloureuses, Et les sons terribles, Il y a des jambes partout, Partout où je peux voir, Jusqu’au bout du terrier, Ils bougent tous, Ils ont tous trop mangé, Gonflés.
Aïe, aïe, aïe, Je tremble, Dans le terrier grondant, Griffer ne sert à rien, Mordre non plus, J’espère que ce ne sera pas trop long, Ils m’ont posé par terre, Calme.
Il y a un allongé, Sur le sol du terrier, Il grogne, Il sent mauvais, Il n’a pas changé de litière récemment, Il s’approche, Il veut passer une patte, Je le mords, Il ne prend pas mon pain, Ce concurrent ! On me porte encore, Dans le terrier grondant, Il bouge, Oh là là, quelle débâcle…
Serpolet !
C’est ça !
Serpolet...
Telos, Res, Euh…
« T’as vu maman, l’essedéèffe qui est tout sale assis par terre, avec son bonnet de père Noël, il a essayé de prendre le pain pour Thimotimba et mon lapin l’a mordu quand il a touché la cage.
- Non, je n’ai rien vu. Ramasse ce pain ! Je t’avais dit de tenir ce sachet de nourriture à la main, pas de le poser par terre. Je n’ai pas assez à faire ! Et ne déballe pas tes affaires sur ce trottoir. Doux Jésus ! Excusez-moi, monsieur. Jérémy, prends ton sac, et donne-moi cette bestiole, en vitesse. Tu sais que mémé est toujours très nerveuse quand c’est Noël. Il faudrait essayer d’arriver le plus tôt possible. Ton père attend devant nous. On va rater la correspondance !
- Ben c’est bien fait. Il a qu’à s’en acheter, lui, du pain, l’essedéèffe plutôt que le chiper à mon lapin Thimotimba. Pourquoi y veut du pain dur s’il a pas de lapin ? Et lui dire des gros mots et “Crève sale vorton”. Il a même pas de pulovère en dessous du manteau rouge, juste un maillot troué. Et puis il va mourir de froid. Na !
- Jérémy, obéis ! Il faut rester près de papa dans cette cohue, sinon nous allons nous perdre sur le quai !
- Oui, m’man… M’man c’est quoi un vorton ?
- Jérémy !
- Oui, m’man. Même pas sale, mon lapin, d’abord. »
[…]
Extrait de Joyeux Noël Thimotimba, nouvelle inédite
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