mardi 19 août 2014

Poésie


                                   Je pèse, dit l'été
 

à force de marcher,
je perds sous mes pieds la sensation des masses d’air
j’expire toute haine et encore plus de joie

à force de bouger, d’exceptionnelles fois revient la distance,
folle de bonheur, muette — sentier rythmé en ce début d’automne—
balancée comme les feuilles mortes encore à leurs potences.

au champ qui longe le bois, une femme
les bras croisés, scellés, fait face aux sillons encore frais,
— au  sillon encore frais s’enracine le cheval — muette, destituée, digne !

et quand, répétant un clic, elle prend les rênes,
la bête se traîne,
désespérant de ses abris, des caresses

Éole silencieux en perd un instant son île
(dans son sac des chants plus doux, des nudités inutiles
et d’autres colifichets) de vue, puis file

à force de parler, ne restent
à la fin de l’été
que souvenirs immobiles




                                   Sérénité évidente

 

Comment démonter une mort glorieuse ?
On voudrait ne lâcher qu’avec parcimonie
Gauche et brutal un mécanisme inélégant et grinçant
(en d’autres « termes », peste, « la Vie »…)

Comment troubler la mélodie ?
Un chant rauque, pertinent et pérenne (un canon ?)
Comment trouver les règles qui s’appliquent à l’avilissement
Et à la rectitude des orgies ?

Comment forer dans le dos, un trou
Où disparaissent les incertitudes (sans courage et silencieuses)
Avalées, dégluties, croquées, enfirouapées, reçues, gobées, ajoutées…
Pas le choix, mettre les pieds sur ce chemin qu’on use

Jusqu’à l’os glorifié
Qui ne sera jamais
Châsse et relique
Que… (dégusté)



Poèmes présentés au Sentier des arts en septembre 2013

 

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