Partie (suite à la livraison 13) d’un texte en cours de rédaction : plus vraiment au stade plan ni brouillon, évidemment inachevé.
Questions-Réponses
Questions-Réponses
Après la prise de pouvoir des cafards, un jeune manager arrive enfin quelque part.
En fait il ne s’agit pas d’une histoire au sens classique du terme, mais d’un témoignage, d’un commentaire, d’un long monologue qui émarge à l’allusion littéraire et à la science-fiction, à la biographie plus qu’à la mémoire. À ce titre, l’objection la plus constructive concernera la véracité de l’arrière-plan. La solution serait-elle de préciser, comme au théâtre, le déroulement, le lieu et le décor de la scène en un paragraphe en italiques au début, et un autre à la fin ?
Sésame ouvre-toi ? Ça y est, il est tombé fou ! Ça ne marche pas comme ça ! Kesse tu crois p’tit con ? C’est pas un moulin ici ! T’es rentré, tu te balades, et tu sors comme ça te chante. Non, tu sors plus ! La curiosité a tué le chat. Et toi, t’es bientôt le chat. T’es rien de plus, et c’est pas la peine de chiquer à l’offensé, gamin. T’es à peine arrivé et tu veux tout de suite un peu de respect ? Et un minimum en plus ! Tu te sens pas trop exigeant ? Tu sais où on est là ? Le terminus ! Le bout du tunnel ! C’est pas un concept pour toi ? Ça te dit rien ?
Le « minimum de respect » en question, c’est à quelle hauteur ? Je te pose juste la question en passant. Comme ça, pour savoir ce qu’il te faut, pour que tu puisses prendre ta place comme être humain ? Longueur, largeur et profondeur de la caisse, yep. Juste ça… Humain, c’t’une affaire de mesures.
C’est aussi un peu en fonction du poids que tu pèses. Parce que, j’vais t’dire, les êtres euh, humains n’est-ce pas, il n’y en a pas trop dans le coin. Moi, je suis une exception, il m’a suffi qu’on accepte le dialogue... et j’ai été contaminé. Mais c’est vrai que j’étais pas comme tout le monde ici. Vieux, sournois, bas de poitrine et agressif. C’est une aide pour survivre. Peutête mon génome ? Alors si tu veux mon avis, méfie-toi. C’est tous des intrigants, et ils veulent tous être Grand Cafard à la place du Grand Cafard. Je vais te raconter, tu vas voir… ça sert à ça les vieux.
T’as des notions sur la sexualité des cafards ? Édifiant, très édifiant. « Des p’tits trous, des p’tits trous, toujours des p’tits… » Reste pas trop sur leur trajectoire. On ne sait jamais. C’est une histoire de phéromones. Tu devrais te renseigner... Et sur les hiérarchies chez les insectes. Tu devrais te documenter avant de t’aventurer dans des galeries de ce genre. Moi ce que j’en dis c’est pour ton bien. Faut que tu survives un brin. Sans trous supplémentaires dans le dos ou l’abdomen. Mon copain Jeanval, il a préféré repartir, que porter des petits dégueulasses. Il disait qu’il aimait mieux les galères. Il a remis son galure et s’est taillé sur une dernière galéjade.
Enfin, on ne l’a jamais revu quoi.
Oui y a des super-alphas ici. L’élite ! Y-z-ont un code barre très long sur l’une des élytres. Ouais bon, ben va pour les jeux de mots faciles. Mais ça va te passer, tu vas voir… Moi ça fait perpète que j’ai plus le sens de l’humour. Tu pèses combien ?
Ici, à ce niveau, j’en ai même vu qui tapaient à la machine ! Un vrai délire d’alcoolique je te dis. C’était quand je me baladais dans les couloirs. Les cliquetis ; je croyais banalement que c’étaient leurs ch’titespapattes sur le carrelage. Mais va te faire lanlaire. En passant devant une porte, je les ai vus.
C’est le propre des cafards de faire de la bureaucratie y paraît. Mais avant, je ne savais pas.
Y avait encore quelques vieux quand on est arrivés, les copains et moi. Ils nous ont raconté un truc ou deux. Ils répertorient tout, ces bestiaux, à ce qu’ils nous ont dit les gâteux. Et ils classent. C’est sûr. Maintenant c’est nous… Naaan, je décroche pas. T’inquiète.
Y aurait un catalogue !
Moi, je crois que c’est une faribole que ces vieux dingues avaient inventée. À quoi ça servirait d’abord ? Un fichier ? Où y sont tous répertoriés ces bestiaux, et les plus anciens et les plus actifs sont au sommet, et derrière, et dessous, et sur tous les octés, les côtés, je bafouille, ça grenouille… ça grouille mon petit batracien…
Un jour, j’étais au trente-septième dessous, j’ai ouvert une porte. Y avait des classeurs partout, même au plafond et sur le plancher (ben les cafards, mec, ça grimpe n’est-ce pas) ; des rangées et des rangées. Couverts de leurs pattes de mouches sur la tranche. Avec juste la place pour qu’ils puissent passer et griffonner leurs écritures de merde. Cinquante centimètres d’espace entre, à vue de nez… Et à tout l’étage c’était pareil. Et sur tous les autres étages. Et au-dessus d’ici, pareil encore.
… à suivre
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