mardi 12 janvier 2010

Échelle de Jacob Art Nouveau ?


Il tombe.

Les marches métalliques sont traîtresses. Il sent l’écorchure douloureuse à son genou. Et le poids sur son dos pèse.

Lourd.

Il se relève, rajuste son fardeau en travers de ses épaules.

Il reprend son ascension.

Il doit absolument parvenir au sommet de la tour.

Il sait que l’avenir de l’humanité en dépend.

Il ne faillira pas.

Une marche après l’autre.

L’effort fait chauffer les quadriceps. Les mollets se crispent et se tétanisent. Bien plus haut, il tombe encore. La fatigue cette fois.

L’air commence à lui manquer. Il est à mi-parcours. Péniblement il s’accroche d’une main à la rampe métallique. Le bras, les jambes se crispent. Il pousse, et tire, ahane et se redresse. Le souffle court, il reprend sa montée…

Il relève la tête et à travers l’encorbellement métallique aperçoit la plate-forme. Encore trois mètres de dénivelé - le panneau à côté de lui renseigne le grimpeur -, il pousse sur les jambes, faiblit, désespère, s’encourage.

Monte une marche, espère monter la dernière et trébuche une troisième fois.

Le haut de son corps s’écrase sur la plate-forme. Il met les mains en avant, son bagage roule par-dessus sa tête et s’arrête quelques centimètres plus loin. Une tête nue et glabre regarde une autre tête nue…

Le côté gauche de son visage est marqué par le crénelage du métal. Ça n’arrangera pas son sinus douloureux. Il respire un instant dans cette position. Relève la tête, prend conscience de son tibia qui a douloureusement ripé sur la dernière marche. Lentement il s’assied, remonte la jambe de son pantalon et considère l’écorchure qui saignotte et bleuit déjà. Un peu plus haut, son genou contusionné.

Il tourne la tête, détaille le chemin parcouru, pense à celui qui est derrière lui, à ce qui reste à parcourir. Il se lève, entend ses os craquer, baisse la tête, considère une main tendue et, charitable, la saisit.

Extrait de Château d’eau, novella policière inédite

Aucun commentaire: