samedi 20 décembre 2008
vendredi 19 décembre 2008
En attendant l'édition 2010 des Rencontres Internationales du Cinéma d'Animation (RICA) on se souvient de... Fana des RICA
Traditionnellement, les Rencontres internationales du cinéma d'animation (Rica) débutent par trois jours de programmes, courts et longs métrages, qui ciblent principalement un public scolaire. Hier, première journée du festival, un millier d'élèves a ainsi pris place dans les salles obscures de Wissembourg, Soultz-sous-Forêts et Bischwiller. Mais, en scrutant bien les travées du Relais culturel de Wissembourg, on pouvait apercevoir, calé dans un fauteuil rouge dès la première séance matinale, Gabriel Kopp... 56 ans. « Eh oui, moi, je regarde des dessins animés ! », assume avec malice ce psychologue hospitalier haguenovien, vrai fidèle des Rica - « la seule différence avec le grand festival d'Annecy, c'est le lac ! » -, qui n'hésite pas à prendre des congés le temps du festival. « J'assiste à 80 % ou 90 % des séances, déclare-t-il. Je ne choisis pas les programmes : je m'installe et je me laisse surprendre. J'aime arriver au dernier jour, mon propre palmarès en tête... et délicieusement épuisé ! » Et cette boulimie d'images ne date pas d'hier. Le coup de foudre avec le rendez-vous wissembourgeois remonte à dix ans, à l'occasion de la seconde édition des Rica. « Je suis venu sur la pointe des pieds, juste pour voir », se souvient-il. Conquis, il se promet de donner « plus d'ampleur » à l'édition suivante. En 1999, il bloque donc tout un week-end ; en 2001, il y ajoute un jour de congés, « mais ce n'était toujours pas satisfaisant ». Alors depuis 2003, Gabriel Kopp a tranché et s'aménage une pause pendant toute la durée des Rica.
Des « parenthèses » dans une réalité qu'il côtoie souvent frontalement
Cette année, pour la première fois, son épouse l'accompagnera pendant une journée. L'un ou l'autre collègue en a déjà fait autant, mais Gabriel Kopp ne crie pas pour autant sa passion pour les Rica sur tous les toits : « C'est une activité relativement solitaire, après tout. » Et surtout un jardin secret protégé et entretenu depuis l'adolescence. Cinéphile averti - l'homme a également enseigné la sémantique de l'image -, il explique sa fascination pour l'animation par une déception : « Le cinéma dit "réaliste" m'est tout doucement apparu limité, alors que le cinéma d'animation est affranchi de toutes contraintes, c'est le triomphe de la créativité absolue ! On y défie la gravité, et les histoires, fabuleuses, ouvrent des mondes insoupçonnés... » Gabriel Kopp qualifie d'ailleurs les séances des Rica de « parenthèses » dans une réalité qu'il côtoie souvent frontalement à l'enfance, passée sur un carreau lorrain, où le fils de mineur découvrait avec fascination les aventures (« en mouvements ! ») de Popeye et autres Silly Symphonies de Walt Disney sur l'écran noir et blanc des premières télévisions. « Rien à voir avec les "japoniaiseries" qui passent maintenant », regrette-t-il. Lui que le réalisme « embête » est aujourd'hui bien plus séduit par les folles Triplettes de Belleville (sorti en 2003) que par la transposition sur grand écran du ténébreux Corto Maltese, davantage par la bande dessinée Achille Talon que par Blueberry et par les films délirants de l'ancien Monty Python Terry Gilliam que par les « péripéties de l'homme araignée ou de Bruce Wayne ». Depuis janvier, Gabriel Kopp a attendu avec une impatience grandissante le retour des Rica - « car le bon cinéma d'animation, surtout les courts métrages, est difficile à trouver à la télévision et même en DVD ». Alors pendant neuf jours, l'enthousiaste spectateur compte bien faire le plein de créativité et, surtout, applaudir tout débordement d'imagination. Son seul regret ? « Les Rica, tous les deux ans, ça ne suffit pas. Il faut drôlement attendre pour s'octroyer ces fameuses parenthèses dans la réalité ! » A bon entendeur...
Céline Rousseau - Photo DNA
Son jardin d'Eden
Tout vient à point à qui sait attendre. Le Haguenovien Gabriel Eugène Kopp écrit depuis l'adolescence - quarante ans d'un travail abondant et exigeant, récompensé aujourd'hui par la parution d'un brillant premier roman de science-fiction, « Au nord-nord-ouest d'Éden ».
L'équipe de la librairie haguenovienne Vincenti a le coup de coeur sélectif mais enthousiaste. Dans la vitrine de la petite échoppe de la Grand'rue, un fin livre bleuté côtoie actuellement les grands noms de la littérature. Sa couverture est partiellement masquée par une note manuscrite : « L'écriture exubérante sert à la perfection cette histoire fiévreuse, et on se laisse vite prendre au jeu de piste scientifique dont l'issue laissera les protagonistes et le lecteur abasourdis. [...] Le puzzle se transforme en embuscade cruelle dont personne ne sortira indemne. » Au nord-nord-ouest d'Éden est le premier roman de Gabriel Eugène Kopp, 57 ans. Le premier publié, en fait. Écrivain à ses heures depuis l'adolescence, ce psychologue [...] n'avait jamais, jusqu'il y a deux ans, tenté de se faire éditer. Des enfants à élever, un travail prenant, une activité grandissante de conférencier, et trop de modestie, aussi. « Mais c'est toujours resté une nostalgie, admet l'auteur. J'avais accumulé des centaines de pages, qui n'attendaient pour sortir de mes tiroirs que l'inconscience d'un éditeur. » Le premier intéressé, en l'occurrence, a été la jeune maison Griffe d'encre, près de Dreux. Au nord-nord-ouest d'Éden était au départ une grosse nouvelle, partie d'un constat : « Le monde est beau, mais depuis deux siècles, on s'ingénie à tout casser, résume Gabriel Kopp. Du fait de mon boulot, j'observe le monde en permanence. De l'intérieur, en observant les gens. On remplit leur tête avec des fantasmes d'avoir plutôt que d'être, on bride toute créativité... J'ai l'impression tenace que l'humanité va dans le mur. »
« Pessimiste gai »
Un sentiment que cet « indécrottable cartésien », « pessimiste gai », exorcise à travers les mots. En se servant, comme tous les auteurs de ce genre, de la science-fiction pour parler du monde actuel et de ses dérives. Caïn, chassé du paradis, avait pris la fuite à l'est d'Éden. Dès lors, que peut-il bien y avoir au nord-nord-ouest d'Éden ? Quel est le mystère de « Tronche de Gargouille », cet étrange cadavre retrouvé dans un glacier ? Gabriel Kopp livre ses réponses à l'issue de l'enquête captivante de ce qui est devenu, au fil de deux ans de labeur, un roman court et dense à la structure acrobatique et au style brillant. « Du plaisir de trouver une bonne idée à la douleur de voir son narcissisme égratigné par les nécessaires réécritures, j'ai plus appris en six mois de travail avec mon éditrice, exigeante et pédagogue, qu'en vingt ans d'écriture solitaire », se réjouit Gabriel Kopp. Coup d'« essai », coup de maître... De quoi renforcer la passion et l'exigence de l'écrivain qu'il a toujours été, et qui rêve aujourd'hui de continuer à laisser ses écrits s'envoler. Un deuxième roman de science-fiction devrait paraître à la fin de l'année prochaine, et des éditeurs ont fait part de leur intérêt pour des recueils de poésie, un roman de littérature « classique », un polar « glauque » dont l'action se passe sur le carreau minier lorrain où il a grandi. Gabriel Eugène Kopp n'a pas fini d'entretenir son jardin d'Éden.
mardi 25 novembre 2008
Méditation N°104
C’est d’abord un geste. Prendre une plume, la poser sur le papier et ensuite osciller dans le couloir du train en marche. Peu souvent nous marchons droit, plus souvent des incidents nous font toucher les parois. A ces endroits s’écrivent les contusions des rêves. Alors cela devient une geste.
Méditations Incongrues, extrait du vol. IV :Le fil et le nœud
Route d'automne
Soc, sillon
Pré gorgé
Ciel d’ardoise
Nids tombés
Bitume, néons
Lignes grisées
Ciel de plomb
Gravier lancé
Bruits de lions
Forêts de serpents
Sinueux buissons
Lianes accrochées par le vent
Immeubles furtifs
Ciels entrevus
Trottoirs lascifs
Et piétons perclus
Cataractes !
Catadioptres…
Bruine sournoise
Brume tendue.
Un instant d'affolement
[…]
Il aurait signé le bail et se serait sauvé en disant à la cantonade qu’il avait un autre rendez-vous après la fin des temps. En tous cas, depuis, on n’a plus eu de nouvelles… Que pensez-vous de ça ?
Pas payé pour penser ? Ben voyons… »
Il avait juste l’air d’avoir soixante-cinq ans. Des apparences un peu ridées. En ces temps pas encore un vieil homme, la barbe pourtant blanche et le reste du poil aussi.
Cet hiver-là était sur sa tête et sur sa face depuis longtemps.
Et même s’il n’était pas tout à fait moderne, sans toutefois manquer d’imagination, pas tout à fait prêt à accepter les évolutions sociales et personnelles, que l’âge leur donne une valeur excessive ou qu’il en soit la cause, depuis récemment il sentait les choses vaciller d’une autre manière. D’un jour à l’autre son esprit se prenait à flageoler sur la partition de l’angoisse, ou le monde à gigoter dans ses arceaux. Certains matins, quand le froid et la neige lui murmuraient un passé, quand les arbres blanchis crissaient sous la prise du givre, quand il lui semblait entendre de très loin des chants et des comptines, il se surprenait à considérer et à chiffrer les anciens bordereaux de livraison : souvenirs et souvenirs.
Et sous ses yeux las ils se mettaient à l’unisson, eux aussi, à une danse de Saint Guy intérieure, fiesta et confettis, pas seulement faite de neurones défaillants ou d’impatiences, mais aussi d’espoir et de prière. Ils bougeaient devant ses yeux, les papiers bleus, doubles roses et triples jaunes, aussi fins que les feuilles sèches de l’automne à la fraîche tombée.
Il était parti faire une balade. Afin de s’oxygéner un brin. Sans penser à rien. Il faisait ainsi tous les soirs. Histoire d’honorer le crépuscule pourrait-on dire... Il respirait bien à fond et lentement : ses idées se clarifiaient.
Quand il avait vu la chauve-souris clouée sur la porte d’entrée, sa pensée avait recommencé à fonctionner à haut régime, alors qu’elle venait tout juste de proposer une douce léthargie vespérale. Le réveil s’était fait de manière moins honorable, moins graduelle qu’au matin. Moins claire aussi, en dépit de toutes ses injonctions au calme.
Il n’avait pas évoqué d’emblée les plaies d’Egypte de la mythologie locale. Il avait pensé d’abord que l’alcool finissait par avoir raison de son dernier neurone. Ensuite, que des neurones en quantité n’avaient jamais été des gages d’intelligence, ni de perception adéquate à la réalité et de la réalité, ni de sobriété. Et il n’avait rien bu depuis bien plus d’une génération.
Quelque part, son raisonnement à lui, l’esprit de Noël, depuis sa mort à elle, était resté. Entier ? Bloqué ?
Et son mental battait la breloque. Depuis…
Clouée !
En croix !
La chauve-souris était clouée en croix !
Et sur les portes des voisins, pas mieux ! Collés ou cloués, d’autres animaux pantelants, mammifères ou insectes, finissaient leur piteuse agonie entourés des signes incompréhensibles pour les hommes, écrits avec un liquide rouge poisseux, soulignés de traits blancs. Comme si une vilaine et vieille blessure s’était rouverte sur des chairs pas tout à fait nettes. Sa première pensée cohérente le surprit :
« On aurait aussi bien pu clouer d’autres rongeurs sur les… »
Il formula « échappées » et saisit la teneur allusive du message.
On avait retrouvé sa trace.
[…]
Extrait de Supplique pour la dépénalisation de l’adultère en décembre du recueil Mécomptes de Noël
Méditations n° 112 et 322
112 – Certes, certes, on pourrait peut-être marcher assez vite pour traverser le fleuve sacré sans barque... Et alors ?
322 - La solitude ne peut pas te peser ! Tu es habité par tant de sottises évanescentes que tu as toujours de la compagnie.
dimanche 16 novembre 2008
Charabia pédagogique ?
Sans paraphraser Vygotsky, on peut observer que l'élève, par la production d'un corpus d'observables, s'oriente vers des itérations structurées. Mais c'est bien l'affordance qui, en provocant une situation d'échange, nous conduit à l'idée que la pédagogie de la différenciation n'est pas une pédagogie structurelle. Connectons-nous sur le réel : un enfant (vous savez, un de ces petits gnomes repoussants) affecte de ne pas comprendre la merveilleuse mise en situation théorique que vous aviez pensée et construite pour lui ? Le corpus des ressources stratégiques nous conduit alors à une réponse adaptée : déchirez-lui ses images Pokémon !