vendredi 19 décembre 2008

En attendant l'édition 2010 des Rencontres Internationales du Cinéma d'Animation (RICA) on se souvient de... Fana des RICA

© Dernières Nouvelles D'alsace, Mardi 13 Novembre 2007. Droits de reproduction et de diffusion réservés



Les esprits chagrins voudraient réduire le cinéma d'animation à un public enfantin ? Gabriel Kopp, 56 ans, est ravi de leur donner tort. Voilà dix ans qu'il ne rate pas une édition des Rica de Wissembourg, n'hésitant pas à prendre des congés pour assouvir sa passion de l'image.



Traditionnellement, les Rencontres internationales du cinéma d'animation (Rica) débutent par trois jours de programmes, courts et longs métrages, qui ciblent principalement un public scolaire. Hier, première journée du festival, un millier d'élèves a ainsi pris place dans les salles obscures de Wissembourg, Soultz-sous-Forêts et Bischwiller. Mais, en scrutant bien les travées du Relais culturel de Wissembourg, on pouvait apercevoir, calé dans un fauteuil rouge dès la première séance matinale, Gabriel Kopp... 56 ans. « Eh oui, moi, je regarde des dessins animés ! », assume avec malice ce psychologue hospitalier haguenovien, vrai fidèle des Rica - « la seule différence avec le grand festival d'Annecy, c'est le lac ! » -, qui n'hésite pas à prendre des congés le temps du festival. « J'assiste à 80 % ou 90 % des séances, déclare-t-il. Je ne choisis pas les programmes : je m'installe et je me laisse surprendre. J'aime arriver au dernier jour, mon propre palmarès en tête... et délicieusement épuisé ! » Et cette boulimie d'images ne date pas d'hier. Le coup de foudre avec le rendez-vous wissembourgeois remonte à dix ans, à l'occasion de la seconde édition des Rica. « Je suis venu sur la pointe des pieds, juste pour voir », se souvient-il. Conquis, il se promet de donner « plus d'ampleur » à l'édition suivante. En 1999, il bloque donc tout un week-end ; en 2001, il y ajoute un jour de congés, « mais ce n'était toujours pas satisfaisant ». Alors depuis 2003, Gabriel Kopp a tranché et s'aménage une pause pendant toute la durée des Rica.


Des « parenthèses » dans une réalité qu'il côtoie souvent frontalement


Cette année, pour la première fois, son épouse l'accompagnera pendant une journée. L'un ou l'autre collègue en a déjà fait autant, mais Gabriel Kopp ne crie pas pour autant sa passion pour les Rica sur tous les toits : « C'est une activité relativement solitaire, après tout. » Et surtout un jardin secret protégé et entretenu depuis l'adolescence. Cinéphile averti - l'homme a également enseigné la sémantique de l'image -, il explique sa fascination pour l'animation par une déception : « Le cinéma dit "réaliste" m'est tout doucement apparu limité, alors que le cinéma d'animation est affranchi de toutes contraintes, c'est le triomphe de la créativité absolue ! On y défie la gravité, et les histoires, fabuleuses, ouvrent des mondes insoupçonnés... » Gabriel Kopp qualifie d'ailleurs les séances des Rica de « parenthèses » dans une réalité qu'il côtoie souvent frontalement à l'enfance, passée sur un carreau lorrain, où le fils de mineur découvrait avec fascination les aventures (« en mouvements ! ») de Popeye et autres Silly Symphonies de Walt Disney sur l'écran noir et blanc des premières télévisions. « Rien à voir avec les "japoniaiseries" qui passent maintenant », regrette-t-il. Lui que le réalisme « embête » est aujourd'hui bien plus séduit par les folles Triplettes de Belleville (sorti en 2003) que par la transposition sur grand écran du ténébreux Corto Maltese, davantage par la bande dessinée Achille Talon que par Blueberry et par les films délirants de l'ancien Monty Python Terry Gilliam que par les « péripéties de l'homme araignée ou de Bruce Wayne ». Depuis janvier, Gabriel Kopp a attendu avec une impatience grandissante le retour des Rica - « car le bon cinéma d'animation, surtout les courts métrages, est difficile à trouver à la télévision et même en DVD ». Alors pendant neuf jours, l'enthousiaste spectateur compte bien faire le plein de créativité et, surtout, applaudir tout débordement d'imagination. Son seul regret ? « Les Rica, tous les deux ans, ça ne suffit pas. Il faut drôlement attendre pour s'octroyer ces fameuses parenthèses dans la réalité ! » A bon entendeur...


Céline Rousseau - Photo DNA

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