mardi 16 octobre 2012

Souffle d'art...


Depuis trois ans maintenant, je participe à cette petite manifestation qui se déploie sous la férule attentive de Jean Paul Ernewein, peintre et sculpteur de talent, ami fidèle et solide. Les poèmes que j’ai composés sont dorénavant assez nombreux et affinés pour que je me débrouille de les faire publier. Surveillez les nouvelles sur ce blog.
En attendant, voici un article de Patrick Gardon paru dans les DNA du 25 septembre et une adresse internet où figure un joli compte-rendu audiovisuel.


Soufflenheim Association Souffle d’art - Soufflenheim De l’art au fond des bois


Artistes et public étaient au rendez-vous pour une ballade entre art et nature dans la forêt de Koenigsbrück. PHOTO DNA

L’association culturelle Souffle d’art de Soufflenheim a réédité pour la troisième fois, dimanche, son sentier de l’art au milieu de la forêt de Koenigsbrück. Le beau temps a contribué au succès de la manifestation.

L’association culturelle Souffle d’art de Soufflenheim présidée par Jean-Paul Ernewein a une nouvelle fois mis les petits plats dans les grands. Autour du refuge des Amis de la nature et des oiseaux, seize artisans du pinceau avaient installé leurs chevalets pour immortaliser des coins de nature autour de l’ancien étang de pêche local. Dissimulés derrière des haies ou des bambous, ils ont laissé s’exprimer leur inspiration.

Arabesques virevoltantes
À la gouache, au fusain ou au couteau, les tableaux prenaient forme sous l’œil d’un public étonné par tant d’habileté et de maîtrise.

Les neuf sculpteurs présents ont fait l’objet de toutes les attentions en offrant une pléiade de pièces en cuivre, en bois, en résine ou en céramique, exposées entre les buissons, au bord de l’eau. Des nus aux arabesques virevoltantes, les œuvres se déclinaient sous toutes les formes et arboraient les couleurs les plus folles.

Dans cet univers, les yeux et les esprits étaient interpellés à chaque station. Un monde original parsemé d’audace et d’originalité où le promeneur du dimanche était guidé par des galets posés au sol et agrémentés de mots-clés comme « amour » et « émotion », un monde où des toiles blanches étaient accrochées ça et là pour magnifier le lieu, où des poèmes étaient dédiés aux œuvres…
Quelques membres de l’association ont lu des textes écrits par six poètes qui s’étaient inspirés des sculptures.
Pour offrir une relaxation profonde, un groupe a présenté au courant de l’après-midi des exercices de tai-chi-chuan, un art martial réalisé au travers d’enchaînements requérants de la souplesse, de la coordination dans les mouvements et une respiration contrôlée. Tout un programme qui a séduit le nombreux public venu parcourir le sentier de l’art.

La prochaine manifestation de l’association Souffle d’art aura lieu du 1 er au 4 novembre lors de l’exposition artistique au Céram, à Soufflenheim.
DNA 25/09/2012

Et sur les écrans de la télévision locale :


M’y trouvez-vous ?
À la 3e minute du documentaire, un de mes poèmes est lu par Madeleine Schneider, plasticienne. Un second se discerne en 20e minute, balbutié par votre serviteur. En voici les textes.


Je rêve de laisser des traces éternelles dans la neige des sommets,
De jouir des vertiges qui me tiennent au monde
De contempler les cimes qui valsent à la ronde
Que les glaciers géants corrodent guillerets.

Je rêve de semer des fleuves dans la neige des adrets.
Je verserais du ciel la coupe de mon front et mes larmes qui fondent ;
Je jaillirais dans les plantes et les champs d’herbes blondes
Chuchotant aux étoiles quelques nouveaux secrets.

S’il est un soir, un rayon vert, une seule lumière
Elle sera pour moi, pour mes pas éphémères :
De mon labeur solitaire je m’y consolerai.

Flux éternels, cieux et nuits sans fin, peut-être alors,
Seulement pourrai-je imaginer, célestes vos corps…
Comme Tycho, à tous ces instants de veille et de guet.




De l’ombre est né un arbre et de l’arbre un oiseau, de l’oiseau est né le ciel et du ciel un pipeau, du bois est née une musique, et de la musique un oiseau : écoutez le chant de l’arbre…
De l’oiseau est née une aile et de l’aile un ruisseau, de la fontaine une margelle et du puits un tonneau : buvez un vin clairet
De la table est né un chapiteau, de l’abri glissa une ombre, et de l’ombre vint un arbre… et de l’ombre de l’arbre s’envola un oiseau.




FEUILLETON !



Pour tous ceux qui se manifestèrent : un grand merci et la suite de

RÊVEURS

Si vous voulez le prochain, le jeu continue !


— Second épisode —

Au pied d’une montagne dans les villages, une nouvelle sème l’inquiétude : un rêveur vient de mourir. On s’empresse d’en chercher un autre.


La petite sorcière me suivait depuis maintenant plus d’une heure. Ses efforts pathétiques pour passer inaperçue me firent sourire. Je n’avais plus le sens de l’humour depuis longtemps, et la résurgence de cette émotion m’étonna comme peut étonner un signe de faiblesse dont on a cherché à se débarrasser et qui fait un retour inopportun.
Je tournai ostensiblement le coin de la rue qui menait chez moi et traînai des pieds un instant avant de franchir la porte. Autant que je me divertisse un peu à ses dépens. Je refermai l’accès en bois incanté — je l’avais préparé quand j’avais emménagé ici — et m’installai avec un soupir las, les lombaires reconnaissantes et douloureuses, en haut de la volée de marches qui montait à mes chambrées. J’ouvris mes sensations…
Peu de temps après, je l’entendis murmurer des mots bien trop prévisibles dans la trame et je vis une forme floue traverser les fibres de chêne. Je me contentai de souffler sur elle, comme on joue à se renvoyer une plume quand on est gamin. Elle fut repoussée par la brise, mais retenta le coup à plusieurs reprises. Avec le même effet : un souffle et une éjection. Cette persévérance dans l’erreur était un défaut. J’allais la corriger. Son dernier effort fut celui où je la coinçai d’une bise éloignée sur la joue. Elle secoua le passage et la porte jusqu’aux ferrures, mais elle resta engoncée, le visage dans une nodosité du bois, une partie du corps dans son fil, en me regardant d’un air affolé et tragique.
Je descendis vers elle :
« Eh oui, c’est la vie ! Parfois on sent le sapin avant même d’avoir traversé un chêne. Sale boulot, n’est-ce pas ? »
« Non, ne cherche pas à philosopher, je n’ai pas isolé tes neurones sensitifs, tu risques d’avoir très mal. Je te libèrerai un peu si tu réponds à une question. Cligne des yeux une fois, si tu es d’accord. »
Elle cligna une fois. Intelligente petite bête. Je relâchai la pression en retirant une partie de mon baiser. « Baisers envolés », ça me remémorait une balade qu’un de mes maîtres chantait souvent. Je sifflotai… Elle hoqueta de souffrance :
« Qui, qui êtes-vous ? 
— Non, non ! Alors non ! Franchement ce n’est pas du jeu ! J’avais dit que c’était moi qui posais les questions. Tut tut. »
J’agitais un index professoral devant son nez et la regardais loucher.
« Maiaiaiai… »
Je n’avais pourtant pas invoqué de modificateurs caprins…
« Bon, un mot de plus pour prouver ton absence de contrôle de toi-même et je prophétise qu’il va t’arriver un malheur. »
J’inspirai. Elle dut entendre le début de la rumeur, car elle vira au vert pâle, et au silence le plus total.
« Voilà ! C’est mieux. Alors, juste une question. En trois mots, cela ne devrait pas excéder de beaucoup tes capacités intellectuelles, ma petite. Tu as toutefois peu de temps pour répondre. J’ai très mal au dos et je suis irritable dans cet état ; alors, pèse bien tes paroles. Prête ? J’y vais ! Qui t’envoie ? 
— Je ne sais pas, croassa-t-elle. 
— Très mauvaise réponse. Finalement je me serai trompé sur le peu d’intelligence dont je te gratifiais. Ma patience est très limitée, petite. Tu entends la rumeur n’est-ce pas ? Tu sais ce qu’elle signifie et tu sais que je ne l’ai pas arrêtée. Tu persistes cependant bêtement à courir le risque. »
Je me doutais qu’elle s’était déconcentrée un instant, mais à présent elle était à nouveau totalement opérationnelle. Elle donna très vite les réponses franches que j’exigeais d’elle, car elle savait assez bien estimer le temps restant avant que le brouhaha ne nous arrive dessus. Les dégâts seraient pour elle. J’étais l’envoyeur et ces vents topologiques animés ne pouvaient rien contre leur œil, moi en l’occurrence.
Je la libérai d’une pichenette en laissant toutefois mon estampille dans son âme. Elle demeurerait irrémédiablement inféodée sans qu’elle ne s’en rende compte, jusqu’à ce que je la lisse. Ça pouvait être pratique un esclave de plus.

Je me frottai les mains. J’avais enfin trouvé du travail. Une bande de guerriers se baguenaudait sans patron, dans un coin perdu du pays et d’amusants amuseurs auraient aimé que je n’en apprenne rien. Très maladroit ça ! J’avais un peu de numéraire dans mon bas de laine, mais pas assez pour cracher sur ce genre de sauterie martiale. Ni pour perdre de vue le nerf de ma guerre personnelle.
D’une part j’aurais eu l’information dès ma rentrée, d’autre part il ne faut jamais juger les gens sur leur apparence. J’entretenais depuis des années l’illusion de la vieille culotte de peau sur le retour, rébarbative à souhait, les cuirs défraîchis et tachés, les armes rouillées et les réflexes émoussés par les mauvais distillats, l’âme et les tactiques sombrant dans l’ennui et les toxiques. Suffisamment loin dans le temps et dans l’espace pour que plus personne ne s’interroge sur mon passé.
En tout cas ma tranquillité avait été rompue par la mort d’un rêveur naturel ; les paysans et les bourgeois refaisaient leurs inventaires à grands frais, et à part leurs provisions de bouche, ils s’intéressaient de très près à la liste des anciens chefs militaires encore en état de commander. Afin, bien évidemment, de les neutraliser par l’un ou l’autre sort de grabat bien ajusté — l’assassinat a de ces variantes ! — pas pour leur offrir une tournée et un petit repas gratuit.
Loupé mes agneaux. J’aimais l’argent autant que je n’aimais pas gouverner, mais j’aimais encore moins qu’on me force la main, surtout pas à la paralysie. Pour un vieux solitaire dans mon genre c’est mauvais pour sa vie sexuelle et ça rend irritable. Je n’aurais pas pris le job si on m’avait fichu la paix, pour le moins j’aurais hésité, mais maintenant j’allais m’amuser aux dépens de quelques mécènes indélicats…
Finalement, je rentrerais peut-être chez moi plus tôt que prévu.
Mon perroquet m’accueillit avec une bordée d’injures. La marine ne vous lâche jamais. Et ce volatile s’était attaché à mon épaule dès la première année de mon premier embarquement. C’est vrai qu’ils vivent centenaires ! Il faudra que je songe à le faire cuire proprement, ce bestiau bavard. Aux petits navets confits, et à l’ail. Avant qu’il ne soit trop vieux et qu’aucune étuvée ne puisse plus en faire autre chose qu’un mauvais brouet.

Qui est ce curieux, cynique et puissant barbon ? Que signifie pour lui, rentrer à la maison ?

dimanche 16 septembre 2012






Voilà, voilà, j’arrive…

Désolé de vous avoir laissés mariner sans littérature, mes fans adorés (pour les chevilles, c’est quoi déjà la pommade ?) mais vous savez ce que c’est, le travail, le travail, le travail : rendez-vous compte de tout ce qu’il faut faire pour être bronzé toute l’année…

Nouveautés






Poésie

Six poèmes édités ! Dans deux tomes de l’anthologie 2012 de Flammes Vives, dans Chemins de traverse n°40 la dernière en date des revues de L’Ours Blanc, dans le trimestriel L’Étrave chez Poètes sans Frontières, et dans le périodique Rose des Temps de l’association Parole et Poésie.




Nouveautés Bis






Bis

La nouvelle « Qui veut tuer le loup l’accuse d’être un homme » a été primée puis éditée par La Truite de Quénécan. Le volume de l’anthologie est entre mes mains et je ne suis pas peu fier d’avoir décroché cette fois le premier prix.

« Le style est riche et assez accrochant, phrases très imagées. Mise en relation du thème avec le contexte social et économique moderne. On sent une volonté de décrire des réalités quotidiennes (souvent sordides : le béton, les caddies…) avec un vocabulaire littéraire, technique, qui donne du relief aux phrases. Avec ce vocabulaire littéraire contrastent les effets de langue orale, parlée, voire les termes familiers. Le style reflète en fait l’opposition entre le côté « loup » et la société, le malaise aussi des personnages qui ne se sentent plus en harmonie avec cet univers. »
Claire Béchec Présidente du Jury 2012, lauréate 2011



« Le jour de la remise du palmarès, il y avait même un loup... mais son maître ne voulait pas le promener en public, il est trop craintif (le loup) ! » Extrait d’un courrier entre Gilles du Pontavice (éditeur) et votre serviteur.
L’ouverture aux collèges et aux écoles a donné un rayonnement supplémentaire à cette belle initiative.





Concours de nouvelles : le loup a inspiré jeunes et adultes - Perret





Ouest-France mardi 03 juillet 2012 



Les organisateurs du concours de nouvelles de la maison d'édition La Truite de Quénécan et l'association Les Amis du Moulin à tan, de la Forge Neuve, ont révélé, dimanche, le palmarès de cette troisième édition. Le thème du concours, « Le loup est revenu en Bretagne intérieure », a inspiré les écrivains qu'ils soient adultes ou adolescents.
Les lauréats
Les participants au concours adulte sont originaires de toute la France. Le premier prix a été décerné à Gabriel Eugène Kopp, qui se partage entre l'Alsace et la Bretagne, pour « Qui veut tuer le loup l'accuse d'être un homme », Kristen Patin, s'est vu attribuer le deuxième prix pour « Léon, le loup et le commissaire », et Pierre-Yves Flageul de Glomel, le troisième prix pour « Loup y es-tu ? ».
Chez les jeunes, les trois lauréats sont : 1. Inès Le Belguet pour « Lycaon » ; 2. Corentin Le Métayer pour « Le bon vétérinaire » ; 3. Romane Prouff pour « Le seigneur de la forêt ».
Un recueil des nouvelles et d'autres textes, dont lettres d'archive retrouvées par l'historien André Le Coroller, sur le thème du loup, a été édité par la Truite de Quénécan : www.latruitedequenecan.com






Sous peu


Une réédition numérique viendra compléter et relancer Au Nord-Nord-Ouest d’Éden

L’édition papier reste en librairie et poursuit son bonhomme de chemin.

Un nouveau roman au format novella sortira au dernier trimestre 2012 chez Griffe d’Encre.

Un feuilleton ?

Oui, j’en rêvais et Youboox l’a fait ! Le contrat est sous mes yeux. L’affaire devrait démarrer à la rentrée. Guettez l’apparition de Jérémy et de sa manière d’interpréter des lamentations sur Youboox.

Du coup je me sens des ailes et pour vous mes doux lecteurs… Voyez la fin de la livraison !


Raboteuses dévotions


Prenons un dernier verre avant l’aurore…
Dans un instant plus personne ne se souviendra
Ni de la pluie, ni des chevaux, ou des solstices moins encore ;
Nous fléchirons les herbes qui coulent sous nos pas
Avant l’hiver qui nous tiendra parmi les tombes.

Croches et branches sur la neige du sentier
Dessinent un brin d’herbe qui survit
Auprès du jour. Et puis qui laisse choir
Sa dernière âme sur le linceul où est écrit :
Prenons un dernier verre avant l’aurore.

Nous quitterons la dune et ses flancs semés de fenêtres.
J’ai piqué quelques fleurs dans les vases fendillés.
Aucune bougie ne veille derrière les rideaux asséchés.
Aucune lumière n’a écarté d’embruns
Et rien ne restera des souvenirs d’extases.

À la rigueur, des « matières » qui coulent, emportées par les pluies,
Ou les ravines vers le val ; quelque étincelle électrique dans un flambeau vacillant.
Rien ne s’ouvre pourtant, aucun volet de pierre,
La nuit est silencieuse, et quand nous quittons le cimetière,
Pas un signe d’enfers ou de sorcières.

Fermés, immobiles, sur de miraculeuses brumes,
Avant l’aurore, prenons un dernier verre, un.
Nous écrirons,
Avec un doigt, de la lumière, sur l’écran blanc
Une dévotion discordante : « Prenons… »

Près d’un fanal soufflé par le vent
On entend emportés par les chants,
Des refrains de pluies.
Dans les ravines silencieuses quelques étincelles fuient.
Muette est la nuit quand nous poussons la porte craillante du cimetière...

Sous la lumière lasse,
J’écris. 
Calligraphies :
Des prières,
Lumières…

Bistrot


Gens
Foule
Geste de la main
Gestes et mouvements
Têtes
Houles                               
Vestes de marins
Verse la houle
Vent
Tables saoules
Leste bistrot
Lestes filles : « Au trot ! »
Voix
Roulent
Reste tranquille
Restes qui croulent
Coup de feu
S’écroulent
Les piles de têtes tournées
Têtes blagueuses, vaisselles brisées

Fictionnaire


Ichtyogravitationnel  adj de « ichtyo » poisson et « gravitationnel » gravité

Qualifie un genre de déplacement aérien, aquatique ou chtonien évoquant une nage. Utilisé aussi bien dans des comportements naturels que contre nature (rien de sexuel, ne rêvez pas !) Un lombric est ichtyogravitationnel, le poisson fantastique dans la nouvelle Le Poisson de Gabriel Eugène KOPP est ichtyogravitationnel, un marteau-piqueur n’est pas ichtyogravitationnel

Nématocarde  nm de « némato » fil et « carde » cœur

Il y a le boson de Higgs qui unit les particules, on a dorénavant le nématocarde de Kopps qui désigne le lien amoureux aussi bien que le stimulateur cardiaque et le fil à couper le beurre. Tous les trois sont d’une importance vitale. Quel rapport avec le fil à couper le beurre ? Essayez de ne pas l’inventer, vous verrez si vos nématocardes fonctionnent.

Géothérapeute nm de « géo » terre et « thérapeute » qui soigne

Désigne des techniciens spécialisés dans le modelage et la reconstruction des écosystèmes et des géosystèmes détruits. Apparaissent comme des personnages essentiels dans le nouveau roman de Gabriel Eugène KOPP Chroniques de la Grande Séparation… Ok, ok j’arrête. Mais on peut se référer aux titres de la livraison.

Oscillognose nf de « oscillo » oscillation et « gnose » connaissance

Désigne une méthode d’apprentissage dite aussi balancement objectionnel final (BOF). S’applique plus particulièrement aux techniques structurées destinées à la toute dernière partie d’un cursus… quand on a tout essayé et que rien n’est rentré : on s’en balance et puis bof !

Laryngoglyphe de « laryngo » gorge et « glyphe » gravure

n.m. Désigne un individu doté de tatouages sur la gorge.
Cf crânioglyphe, dorsoglyphe, gluthéoglyphe, podoglyphe, pénoglyphe, nasoglyphe et tant d’autres (à vos stylos !)
Adj. Qualifie une technique d’écriture par reconnaissance vocale

Feuilleton ?



Les lapins ne meurent jamais...
(cf livraison 8)

Fibonacci a deux « c » ; puisque les lapins ont deux oreilles Fibonacci est un lapin et Fibonacci ne meurt jamais, mais Fibonacci ne connaît ni le principe de Peter, ni la LEM, Lewis Carroll est un lapin blanc photographe d’oies blanches plumées par O’Maley, et Murphy est le nom de mon lapin hélicoptère, alors ça va barder !
0 1 1 2 3 5 8 13 21 34 55 89 144 233 377 610 987 1597 2584 4181 6765 10946 17711 28657 46368 75025 Fn-1+Fn-2
Évidemment, je ne suis pas zéro et si je suis seul à me lire je pourrais être seul à m’admirer. Jusque-là toute demande de rab est de la triche, donc nous démarrerons à deux ! Hé, hé. Alors nous sommes fondés à demander la suite.
Si deux personnes la demandent (la suite) dans les commentaires de ce blog, je publierai le second épisode
Si trois je publierai le trois
Si 5 demandent le suivant, je montrerai le 4
Si 8 le veulent, je donnerai le 5
À 13 je me fendrai du 6
Si 21 le 7
À 34 le 8
Pour 55 le 9
Si 89 le 10
Si 144 le 11
Si 233 le 12
Si 377 le 13
À ce rythme-là le 21e chapitre (de la première partie) sera publié à condition que 17 711 lecteurs le demandent (mais je saurais me contenter à ce stade de « l’aient demandé ») soyons... rêveurs !



— Rêveurs —


« Le rêveur est mort ! Le rêveur est mort ! »
Le gamin hurlait à pleins poumons en dévalant la colline boueuse.
Tantôt glissant, tantôt prudent, crotté graduellement de la tête aux pieds, il ne cessait de s’égosiller, filait à droite, détalait à gauche pour répéter une nouvelle qui, portée d’une fenêtre ouverte à une porte entrebâillée, envahissait de plus en plus vite la bourgade.
Comme la rumeur se propageait, enflait aussi l’agitation. Beaucoup de gens faisaient rentrer les enfants. Pourtant il n’était pas tard ; le temps couvert et pluvieux de cette fin d’après-midi ne parvenait pas réellement à assombrir la lumière du printemps. Ce que le gosse au bord de l’extinction de voix diffusait, maintenant avec moins de virulence, semblait devenir plus inquiétant si on examinait le comportement des villageois.
Ils étaient regroupés et des phrases compréhensibles s’élevaient parfois au-dessus du brouhaha : « Les guerriers vont s’ennuyer… Ils vont recommencer à se battre… les pillages… les céréales et les bêtes à l’abri. »
Le bourgmestre parvint enfin à calmer habitants et édiles à présent réunis sur la minuscule place du marché encaissée au centre du village. Le gamin avait été arrêté d’une taloche par l’épouse du maire, ramené à la raison et sur les pavés du hameau par une oreille dûment tractée et, entre temps, fortement rougie. Il avait été prié de se ressaisir, de raconter ce qu’il avait appris, comment et où il l’avait su. Ce qu’il décrivit alors fit tomber quelques bras, hausser quelques épaules et fumer quelques pipes de manière plus véhémente. Accessoirement, la pression sur son lobe se relâchant, il se sentit plus calme et autorisé à continuer son bavardage.

Il rameutait quelques canetons égarés dans les orties au fond des douves asséchées du Castel des Marais lorsqu’il avait surpris un gardien en conversation avec sa relève. Tous deux paraissaient à la fois alarmés et enthousiastes. Leur vieux rêveur d’étoiles venait de trépasser. La guerre pouvait recommencer après que les soldats s’étaient perdus pendant plus de cinq décennies dans l’univers onirique. La paix réelle était enfin terminée. Heureusement, cela ferait du bien de changer un peu et de se dégourdir les articulations dans la douleur, hors des mondes factices. Une petite pause réalité, ça ravigoterait, ça réveillerait les ankyloses et on pourrait à nouveau les sentir s’évanouir dans la chaleur des muscles et des combats. La jouissance était à leur portée tant que la population alentour ne leur aurait pas imposé mieux ! C'est-à-dire un nouveau rêveur. Et il fallait qu’il soit bon pour les maîtriser, car leur énergie guerrière était au plus haut !
Ils péroraient. Fermes et excités, ils parlaient déjà du village en contrebas avec des yeux brillants. Des rodomontades de guerriers dont le gosse rendait compte avec quasiment de l’enthousiasme. Entre temps certains villageois, dont ses parents, avaient commencé à le regarder de travers celui-là…
Le gamin libéré, les gens se dévisagèrent consternés. Bien sûr, ils se connaissaient tous, et leurs liens familiaux se tissaient jusqu’aux villages éloignés des contreforts. Aucun d’entre eux ne ferait l’affaire, pas un seul rêveur venu au monde dans les vingt dernières années. On avait fini par ne plus y faire attention, engoncés dans le confort depuis trois générations. Le vieux rêveur avait donné à tout le monde un sentiment sournois et illusoire d’immortalité.
Malgré l’affolement, personne ne songeait à essayer de duper les résonateurs qui seraient chargés de sentir la présence d’un nouveau maître d’onirie. Certains maires avaient jadis fait courir des bruits à propos d’enfants doués. Le mensonge était un péché mal pardonné. Mourir par le fait des sabreurs était, disait-on, la pire des morts si c’était la punition d’un jugement de fausseté. De même le désordre et la douleur résultant d’un tel acte n’étaient pas estimables pour la famille du menteur et la communauté qui l’entourait. On se murmurait les pires histoires à propos des mesures de rétorsion subies dans ces cas-là ; des affaires de membres détaillés en morceaux assez fins pour regarder le soleil à travers… Et le détail fait à vif jusqu’à ce que les hurlements soient infinis.
Il fallait absolument pour la sauvegarde du village et l’intégrité des organes de ses habitants, chercher un rêveur et planifier l’anarchie qui résulterait de ce temps de recherches.
« Réunion immédiate des hommes chez moi, dit le maire, toutes les femmes préparent les stocks après avoir ouvert et nettoyé les caches à codes souterraines ! Réveillez le mage, il doit avoir les clés dans un grimoire poussiéreux. Il est presque aussi vieux que l’était le rêveur défunt. Et fissa ! »
Deux groupes se séparèrent et le forum improvisé dans la gadoue et terminé sur les pavés boueux se retrouva vide.

C’est ainsi que le cirque infernal a commencé. Cela fait à présent trois mois que le rêveur est mort, que les guerriers ont pris le mors aux dents, agités, frénétiques, fourbissant leurs armes dans un boucan indescriptible, du matin jusqu’au soir et inversement, tout cela dans un désordre total.
Les habitants des bourgs et des hameaux dans toute la vallée savent de quoi il retourne et se sont organisés. Cette organisation a semé le désordre dans les travaux et d’aucuns maugréent déjà que si l’on continue ainsi, il n’y aura plus besoin des guerriers pour mener le village à sa ruine. Et puis d’ailleurs qu’est-ce qu’ils attendent ceux-là ? Certains éleveurs dont la famille pouvait assurer une présence auprès du cheptel, ont été envoyés au loin, avec dans leurs bourses de quoi acheter un rêveur naturel à ses parents, ou dans leurs mains de quoi convaincre un rêveur adulte. D’autres se sont constitués en milices patrouillant la vallée, à surveiller les chemins et les routes d’accès dans l’espoir de glaner des renseignements, voire par une chance insigne, de mettre la main sur un voyageur adéquat auquel on s’empresserait de ne pas demander son avis. 
Quant à la soldatesque, heureusement pour l’instant, il ne s’est pas trouvé de chef pour les fédérer, eux et leur énergie. Les défis individuels, et les combats de groupuscules bousculés devant le Castel semblent, étonnamment, leur suffire.

Mais pour combien de temps ? Et qui sera capable d’être leur chef ?