jeudi 8 juin 2017

Une dame qui le mérite


Et pour vous démontrer, chers amis, mon sérieux dans la louange aussi bien, voici ma dernière recension. 

Peu de poètes contemporains me surprennent. 
Qu’ils aient de la notoriété ou qu’ils ne soient pas connus…
Je n’y découvre trop souvent qu’un seul dénominateur commun : la lassitude et l’ennui. 

L’usage immodéré de recettes et de stéréotypes pour dire des moments de vie ou d’émotion n’apporte que façons banales et ampoulées. De la sorte tout finit vide et creux... On bafouille lamentablement avec un lexique miniature, qui plus est sans travailler ou retravailler la fabrique ; on recourt aux prétextes les plus fallacieux mêlant intuition et abandon pour considérer l’œuvre comme achevée, et derrière ces paravents pour indigence intellectuelle et pauvreté de sentiment, renoncer au labeur. L’alibi d’instinct devient à la mode et maudit soit qui n’est pas d’accord. Ainsi on réduit la plus noble et la plus évoluée des potentialités de l’homme à de la machinerie génétique et à une caricature idéologique : on voit d’où vient le fagot qui brulera la sorcière ! Confondre liberté et vulgarité, empoisonner le langage avec une pseudo spontanéité qui justifie la moindre chnoute n’en seront que de triviales conséquences. L’histoire de la poésie passe à la trappe ! Sa musique et son rythme aussi.
Parmi les modernes, certains pourtant me ravissent toujours : Michel Diaz — il m’étonne à chacun de ses textes —, Leila Zhour — elle me charme presque systématiquement — Michel Baury — il me bluffe couramment — et quelques autres… 

Mais la liste de ceux qui trouvent grâce à mes yeux n’est pas le but de ces mots… 
Ils se réclament éloge et ovation avant tout !
Car je veux vous parler d’Odile « Léo » Kennel. L’auteur de Transparence des tigres n’est pas seulement une novelliste éprouvée…
Je veux vous parler de cette poétesse, qui ne supporte ni brutalité ni médiocrité, qui les assimile à de la négligence, qui montre à l’envi qu’un artiste est un travailleur de l’âme et de la parole ! 
Odile « Léo » Kennel modèle le diamant brut de son inspiration à mains nues. Peu lui importe qu’il coupât : son sang fait partie du poème comme ses nuages et ses cieux... Son œuvre, à l’instar des plus grandes, est le résultat d’un exercice d’épuration dans une forge infinie : armure, épée, bijou et… calculs ! 
Je viens de lire et de relire, de jubiler et de rire, de regarder et regarder encore son dernier ouvrage ! Et je suis ébahi par tant de subtilité et de force, par tant de légèreté et de profondeur. Dépêchez-vous, chalands ! Faites comme moi ! Car les moments de rêve, de beauté et de sourire ne sont pas si fréquents ! Et là, dans ce livre-objet, vous en aurez un concentré à tous égards inusable : allez découvrir « urgence des bas-côtés » aux éditions Les Trophées. Le ravissement sera au rendez-vous !
Pas seulement que textes et collages soient éblouissants de vie et d’envergure, contrepoints les uns des autres, mais aussi parce que la rigueur créative qu’elle ne cesse de prôner et de pratiquer au nom de la cohérence poétique, du respect du lecteur, du partage des émotions et du sens, trouve à nouveau son truchement chez un éditeur sensible, clairvoyant et ingénieux.
Lisez « urgence des bas-côtés » : vous verrez que « surprise » peut rimer avec « élégance ».


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