jeudi 8 juin 2017

Préface (extraits)


« La Dernière Nécropole » : que peut-on attendre après un pareil titre ? Un roman narrant la victoire définitive sur la Mort ? Ou à l’inverse un récit de fin du monde, de fin des civilisations humaines, du moins de celles qui enterrent leurs défunts ? Et ce titre, au fait, ne l’a-t-on déjà pas vu quelque part ?
Inutile de lancer des paris. Commencez la lecture. La page 2 vous assurera du bon état de votre mémoire en même temps que des difficultés rencontrées par l’édition française : ce que vous tenez là est la version enfin complète de l’histoire, telle que prévue dès 2009. Et vous pourrez suivre jusqu’au bout l’auteur et ses créatures dans l’arpentage de l’univers dont ils sont familiers.  

Arpentage à plusieurs niveaux, comme n’ont pas manqué de le souligner les blogs et autres critiques dès la parution partielle.
« Récit de hard science » « d’une fulgurante modernité » situé au départ à bonne distance de la Terre, avec bouleversements de l’espace et du temps, références empruntées entre autres à la physique atomique et servant de base à une recherche logique, c’est d’abord un texte de science-fiction très travaillé, soucieux de rendre les choses acceptables, sinon vraisemblables – et, à l’occasion, d’un humour assez caustique.

Cependant, si on l’interroge ou le complimente sur ce caractère « scientifique », l’auteur répondra probablement (il l’a déjà fait !) « qu’aucun scientifique réel ne resterait plus de quelques secondes face à [ses] passages “science” sans hausser les épaules ou s’écrouler de rire devant le bluff que l’usage du vocabulaire permet ». Ne nous méprenons pas : sans être spécialiste, tout en avouant beaucoup d’ignorances, l’auteur s’est documenté à bonne source. Mais ce qui lui importe, ce n’est pas la « référence réelle », c’est le « faire comme si », c’est « la musique et le rythme des mots » qui emporteront le lecteur consentant dans un monde d’illusion auquel personne ne croit réellement. Ajoutons-y ici — merci à l’éditeur — les jeux avec la typographie, la mise en pages, les couleurs, qui visualisent les atmosphères, les mutations, les dérèglements à la façon du calligramme : poésie visuelle, poésie tout court. (G.E.Kopp est par ailleurs auteur de six recueils de poésie, dont deux primés au meilleur niveau).

Le refus de se prendre au sérieux n’interdit pas le sérieux. À la parution de la première partie, un blogueur avait noté la « perspective cosmique proprement vertigineuse » qu’ouvrait la fin. La suite ne décevra pas, continuant en images et en actions « l’expérience d’anthropologie-fiction », une réflexion singulière sur l’idée d’une « noosphère » et le devenir de l’humanité. Laissons maintenant le lecteur se couler dans ce texte exigeant et attachant et y trouver son miel.

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