jeudi 8 juin 2017

Fictionnaire


La folie n’est-ce pas aussi la conviction que dans l’humainement possible, certaines choses sont impossibles ? Et ensuite n’agir que mollement, pour se trouver conforté et réconforté par l’illusion de l’aventure impossible ?
Nous avions le discobole, un sportif et une œuvre respectables, je propose la création du mot « fantasmobole » (de fantasmo « illusion » et de bole « jeter ») pour caractériser certains types de discours notamment lancés au moment des élections par ceux qui prétendent toujours mieux savoir que les autres ce dont la réalité est faite... et de quelque bord qu’ils soient.

 L’écriture est interprétation ! La lecture est interprétation. Ainsi toutes deux sont des actes de libération.
On comprend mieux le désert culturel actuel : ce fruit pourri par les hybridations multiples et intentionnelles de l’école républicaine depuis deux générations d’élèves. De braves consommateurs, voilà ce dont on a besoin, et prêts à sacrifier leurs libertés à ce que les dieux multimédias leur vantent. La foire aux illusions et aux vanités…
Je propose la création de deux adjectifs : « antéinformatique » (de « anté » signifiant « avant ») comme synonyme des temps heureux quand on rencontrait de vrais gens… et « céphalopoïétique » (de « céphalo » tête et « poïetique » action de fabriquer) comme image des temps actuels…

Si l’écriture se dit fécondée par le mouvement, l’énergie, la vertu ou leurs opposés, elle ne sert pas pour autant de manuel divinatoire ontologique ! Induire une extase de clercs n’amène que justification narcissique.
Vive Wittgenstein thératocapte…


Je suis de retour, chers amis


Non, je ne vous étais pas infidèle : quand j’ai quelque chose à dire, je le dis dans mes écrits et sinon, je me tais. Il y a assez de bruit alentour pour que j’offre à mes lecteurs un luxe absolu : un instant de silence.
Fût-ce le mien.

Deux livres viennent de sortir, oui, deux d’un coup ! Et je suis fier de vous annoncer que l’un d’entre eux a été distingué par l’une des plus enviées récompenses parmi les prix de poésie. 


Et d'un...


Voici mon recueil Les heures du dragon, couronné du Prix Jean Aubert 2016.

Ceux qui me savent et me goûtent se souviendront que parfois j’améliore mes copies pour ce genre de but : la reconnaissance par les pairs ! Eh oui, en poésie les collègues et amis sont sans concessions et rien n’est bradé. Normal, y a pas d’pognon à faire ! Alors, être reconnu par eux est le gage qu’on n’a pas émargé à la « foire à la ferraille » ou à la « promo du jour ».







Et de deux...


Poussez-pas : la crise du logement est terminée !




Au fond du système solaire, un artefact en forme de beignet est peuplé de gisants bercés par une musique inaudible. La lumière y courbe l’espace, rien n’y est mesurable, des portes donnent sur des lieux occupant le même lieu au mépris des règles de l’architecture et de la science. Terminée, la crise du logement ? L’engin recèle des secrets fascinants, mais en dépit de milliers d’experts dépêchés sur place, il défie la raison. Qui l’a construit et pourquoi ? L’astucieux Ged, le savant Pavel et le chercheur Noah fouillent le site, veulent aller plus loin, se risquent sur les traces des olibrius qui ont briqué ce fourbi... La quête qui suit mènera ces explorateurs peu enclins au mysticisme vers les matins de nos mythes, les bornes du savoir et au bout de l’univers. Pas moins !
Allonge sur un divan, agenouille sur un prie-Dieu, le dos voute sur les bancs des facultés lisez La Dernière Nécropole ! Vous éviterez thérapies coûteuses, oboles et scolarités, protégeant ainsi vos nerfs des aléas budgétaires. Écrit par un analyste adroit, penseur costaud, scientifique à l’ancienne, ce livre assurera émotions, esprits et cognitions. Suprême économie, il remplacera la dope dès que vous l’aurez appris par cœur : plus besoin d’engraisser dealers, politiciens ou publicitaires ! Ne résistez pas ! Acceptez le désordre ! Laissez-vous confondre par cet ouvrage très moderne qui semble sorti d’un tableau de Jérôme Bosch. Laissez-vous bercer par le vocabulaire fictif et tumultueux explosant les limites des genres : vous serez poète pour le même prix !




Préface (extraits)


« La Dernière Nécropole » : que peut-on attendre après un pareil titre ? Un roman narrant la victoire définitive sur la Mort ? Ou à l’inverse un récit de fin du monde, de fin des civilisations humaines, du moins de celles qui enterrent leurs défunts ? Et ce titre, au fait, ne l’a-t-on déjà pas vu quelque part ?
Inutile de lancer des paris. Commencez la lecture. La page 2 vous assurera du bon état de votre mémoire en même temps que des difficultés rencontrées par l’édition française : ce que vous tenez là est la version enfin complète de l’histoire, telle que prévue dès 2009. Et vous pourrez suivre jusqu’au bout l’auteur et ses créatures dans l’arpentage de l’univers dont ils sont familiers.  

Arpentage à plusieurs niveaux, comme n’ont pas manqué de le souligner les blogs et autres critiques dès la parution partielle.
« Récit de hard science » « d’une fulgurante modernité » situé au départ à bonne distance de la Terre, avec bouleversements de l’espace et du temps, références empruntées entre autres à la physique atomique et servant de base à une recherche logique, c’est d’abord un texte de science-fiction très travaillé, soucieux de rendre les choses acceptables, sinon vraisemblables – et, à l’occasion, d’un humour assez caustique.

Cependant, si on l’interroge ou le complimente sur ce caractère « scientifique », l’auteur répondra probablement (il l’a déjà fait !) « qu’aucun scientifique réel ne resterait plus de quelques secondes face à [ses] passages “science” sans hausser les épaules ou s’écrouler de rire devant le bluff que l’usage du vocabulaire permet ». Ne nous méprenons pas : sans être spécialiste, tout en avouant beaucoup d’ignorances, l’auteur s’est documenté à bonne source. Mais ce qui lui importe, ce n’est pas la « référence réelle », c’est le « faire comme si », c’est « la musique et le rythme des mots » qui emporteront le lecteur consentant dans un monde d’illusion auquel personne ne croit réellement. Ajoutons-y ici — merci à l’éditeur — les jeux avec la typographie, la mise en pages, les couleurs, qui visualisent les atmosphères, les mutations, les dérèglements à la façon du calligramme : poésie visuelle, poésie tout court. (G.E.Kopp est par ailleurs auteur de six recueils de poésie, dont deux primés au meilleur niveau).

Le refus de se prendre au sérieux n’interdit pas le sérieux. À la parution de la première partie, un blogueur avait noté la « perspective cosmique proprement vertigineuse » qu’ouvrait la fin. La suite ne décevra pas, continuant en images et en actions « l’expérience d’anthropologie-fiction », une réflexion singulière sur l’idée d’une « noosphère » et le devenir de l’humanité. Laissons maintenant le lecteur se couler dans ce texte exigeant et attachant et y trouver son miel.

Hommages et remerciements


La première partie de ce roman — La Réserve — fut publiée en 2009 par Griffe d’Encre dans la collection Novella et appelée La Dernière Nécropole. Sans le naufrage de cette belle maison, la suite devait sortir fin 2015 de la même façon.


L’ouvrage que vous tenez en main aujourd’hui regroupe en un volume ces différentes sections. J’ai décidé de conserver le titre de 2009 pour l’ensemble du livre : il rendra ainsi hommage au travail accompli et évoquera aussi bien des trames dramatiques de chacun des trois volets jusque dans leurs contrastes.

Je remercie Emmanuel Millet et les éditions RROYZZ d’avoir repris le flambeau avec vaillance et sang-froid, et mes amis Claire Decortiat et Alexandre Grisward pour leur soutien indéfectible.

Une dame qui le mérite


Et pour vous démontrer, chers amis, mon sérieux dans la louange aussi bien, voici ma dernière recension. 

Peu de poètes contemporains me surprennent. 
Qu’ils aient de la notoriété ou qu’ils ne soient pas connus…
Je n’y découvre trop souvent qu’un seul dénominateur commun : la lassitude et l’ennui. 

L’usage immodéré de recettes et de stéréotypes pour dire des moments de vie ou d’émotion n’apporte que façons banales et ampoulées. De la sorte tout finit vide et creux... On bafouille lamentablement avec un lexique miniature, qui plus est sans travailler ou retravailler la fabrique ; on recourt aux prétextes les plus fallacieux mêlant intuition et abandon pour considérer l’œuvre comme achevée, et derrière ces paravents pour indigence intellectuelle et pauvreté de sentiment, renoncer au labeur. L’alibi d’instinct devient à la mode et maudit soit qui n’est pas d’accord. Ainsi on réduit la plus noble et la plus évoluée des potentialités de l’homme à de la machinerie génétique et à une caricature idéologique : on voit d’où vient le fagot qui brulera la sorcière ! Confondre liberté et vulgarité, empoisonner le langage avec une pseudo spontanéité qui justifie la moindre chnoute n’en seront que de triviales conséquences. L’histoire de la poésie passe à la trappe ! Sa musique et son rythme aussi.
Parmi les modernes, certains pourtant me ravissent toujours : Michel Diaz — il m’étonne à chacun de ses textes —, Leila Zhour — elle me charme presque systématiquement — Michel Baury — il me bluffe couramment — et quelques autres… 

Mais la liste de ceux qui trouvent grâce à mes yeux n’est pas le but de ces mots… 
Ils se réclament éloge et ovation avant tout !
Car je veux vous parler d’Odile « Léo » Kennel. L’auteur de Transparence des tigres n’est pas seulement une novelliste éprouvée…
Je veux vous parler de cette poétesse, qui ne supporte ni brutalité ni médiocrité, qui les assimile à de la négligence, qui montre à l’envi qu’un artiste est un travailleur de l’âme et de la parole ! 
Odile « Léo » Kennel modèle le diamant brut de son inspiration à mains nues. Peu lui importe qu’il coupât : son sang fait partie du poème comme ses nuages et ses cieux... Son œuvre, à l’instar des plus grandes, est le résultat d’un exercice d’épuration dans une forge infinie : armure, épée, bijou et… calculs ! 
Je viens de lire et de relire, de jubiler et de rire, de regarder et regarder encore son dernier ouvrage ! Et je suis ébahi par tant de subtilité et de force, par tant de légèreté et de profondeur. Dépêchez-vous, chalands ! Faites comme moi ! Car les moments de rêve, de beauté et de sourire ne sont pas si fréquents ! Et là, dans ce livre-objet, vous en aurez un concentré à tous égards inusable : allez découvrir « urgence des bas-côtés » aux éditions Les Trophées. Le ravissement sera au rendez-vous !
Pas seulement que textes et collages soient éblouissants de vie et d’envergure, contrepoints les uns des autres, mais aussi parce que la rigueur créative qu’elle ne cesse de prôner et de pratiquer au nom de la cohérence poétique, du respect du lecteur, du partage des émotions et du sens, trouve à nouveau son truchement chez un éditeur sensible, clairvoyant et ingénieux.
Lisez « urgence des bas-côtés » : vous verrez que « surprise » peut rimer avec « élégance ».