mardi 18 octobre 2011

Les Lorraines de Kopp

© Dernières Nouvelles D'Alsace, Samedi 15 octobre 2011.


À bientôt 60 ans, le Haguenovien Gabriel Eugène Kopp est depuis plus de quarante ans écrivain à ses heures perdues. De moins en moins perdues, cela dit : cette vie d'écriture s'est concrétisée ces dernières années par la parution de plusieurs romans et recueils de poésie. à l'instar du cru de cette rentrée, « Lorraines ».


Il marche sur les pas des plus grands poètes -- pas par mégalomanie, loin de là : plutôt par espièglerie.

S'il écrit depuis tout jeune, ses tiroirs regorgeant de poésies, de nouvelles et de romans, le Haguenovien Gabriel Eugène Kopp a toujours refusé d'éditer ses écrits à compte d'auteur : pas question de payer pour infliger aux lecteurs des pages qui n'en vaudraient pas la peine. Si c'est bon, postule-t-il, un éditeur, un vrai, s'en saisira.


En marge de ses activités professionnelles de psychologue clinicien
Et il se trouve que c'est bon, puisque nombre des manuscrits qu'il a adressés aux professionnels ont reçu de leur part un accueil très enthousiaste. Depuis trois ans, ce graphomane qui consacre la majeure partie de son temps libre à l'écriture -- en marge de ses activités professionnelles de psychologue clinicien à l'Epsan à Hoerdt et de conférencier -- publie au moins deux ouvrages par an.

Deux courts romans de science-fiction, Au nord-nord-ouest d'Eden et La dernière Nécropole, et deux recueils de poésies, Caraïbes et Mots de passe (ce dernier lui ayant valu l'an dernier le prestigieux prix Jean-Cocteau de la Société des poètes français) ont ainsi déjà pris leur envol. Suivis, en cette rentrée, par une troisième collection de poèmes, Lorraines.

Car, aussi exigeant que malicieux, Gabriel Eugène Kopp prend plaisir à toucher à tous les genres littéraires, et pour ce qui concerne le volet poétique de son oeuvre, à s'attaquer aux grands thèmes auxquels se frotte tout poète digne de ce nom : les voyages dans Caraïbes, la mort dans Mots de passe, et donc en l'occurrence, avant l'amour, forcément en prévision, sa région d'origine.

Lorraines offre ainsi au lecteur une balade à travers des lieux familiers à l'auteur, ainsi qu'à travers les époques -- la seconde partie du recueil, très touchante, étant par exemple consacrée aux souvenirs d'école et de rentrée des classes. Avec un talent incontestable et toujours une grande créativité formelle (ses poèmes pouvant parfois se lire horizontalement ou verticalement, avec un sens tout différent), Gabriel Eugène Kopp livre des vers à la fois rêches, voire glacials, et tendres : comme dans la région qui en fournit la trame, la grisaille qui traverse Lorraines n'est que de façade.


Florian Haby 

    1 commentaire:

    CORLOUER a dit…

    Ce sont des mots mais des mots puissants dont l’alchimie en fait des poèmes attachants. Je parle de Lorraines, le recueil de Gabriel Eugène Kopp.
    Et la Lorraine est présente en bien des pages de ce beau livre comme « un jour sera feu ou diamant » :
    « Imagine des puits, ciels ouverts sous le vent,
    Quand le filon tari fait la fin des aimants
    Sans astres, sans amour, les rires sont punis,
    Sans rêveurs sur les toits de villages maudits »
    Ou encore
    « Mines de fer
    Ruines de terre
    Runes de fer
    Trous dans la terre »
    Une autre ode à la beauté nostalgique se trouve dans « Les histoires ». Je prépare un roman qui aura pour sujet les chiffonniers et les camelots d’Asnières et de Clichy, comment ne pas partager les cris du marchand ambulant :
    « Mes mots sont de toujours
    Hurlait le camelot
    Ces fameux mots là
    Sont d’avant toute guerre
    Sont d’avant tous les temps
    Toute génération d’avant »
    Le poète Kopp est beau dans la rime...
    « Homme
    Te souviendras-tu ?
    Que la haine
    Est plus qu’un sentiment ? »
    Mais aussi :
    « Les silences langoureux et tristes
    Les fables, des yeux bleus et bistre
    Et l’amour après la nuit... »
    C’est touchant et précis.
    « Seules les saisons continueront à se regarder intactes dans le miroir des yeux du poète » écrit Rodolphe Oppenheimer dans la préface