[…]
Le caisson n’est à priori pas destiné aux humains… (Quand on n’a pas de tissus interstitiels solides on s’abstient, ou on quadruple de volume en quelques clics, puis encore quelques clics plus tard, puis encore…) Ce n’est d’ailleurs pas la seule espèce-cliente qui doive malheureusement renoncer à s’en servir. Nous pensons par exemple…
« Charriez pas, le dernier qui a voulu tenter le coup malgré les avertissements réitérés s’est liquéfié dès la seconde étape. Quoiqu’on ne sache pas réellement s’il était encore vivant, si on peut appeler ça comme ça, quand on l’a tiré de la glace. La cryo a ses limites n’est-ce pas. Mais il avait laissé des instructions, alors hop on a continué hein ! »
J’ai compris un peu trop tard que le bruit émanant de l’aldeb, et que son traducteur automatique pris de folie tentait de travailler comme si son champ magnétique devenait goniorrhéique, était en fait un rire. Terrifiant. Quasiment tout le bar s’était vidé quand le trafiquant avait dit qu’il allait en raconter une bien bonne. J’avais déjà fréquenté des gusses de ce genre mais jamais entendu leur rire. Donc je ne pigeais pas pourquoi tout le monde filait, et les gestes frénétiques dans ma direction, que certains, pris de pitié certainement, faisaient en indiquant l’interprète. Il m’a demandé si je savais ce qu’était un anuas et si j’en avais déjà essayé un… Pff, c’était comme si on me disait de chercher la clé du tarmac d’un astroport de campagne. Lui, ça le faisait « marrer ».
Mais on ne peut pas faire le vexé avec un aldeb adulte en phase apparente de transition mâle-femelle… Si c’est le seul moment où ils causent et font des affaires, c’est aussi le seul moment où ils ont de l’humour - quoique d’aucuns prétendent cet humour extrêmement relatif - et cherchent à le partager avec une insistance, disons, susceptible.
A mon grand soulagement, un temps infini plus tard (en fait quarante secondes environ, mais c’était assez difficile à saisir vu le bruit infernal que faisait le verre brisé qui dégoulinait encore des étagères) son caquetage tonitruant prit fin…
Le bar rouvrit ses portes. Il tendit l’un de ses appendices communicationnels vers moi :
« Nous cherchons un Taprobane, et payons cash, en colloïdes thalassoastres. »
Je faillis m’étouffer en entendant le traducteur baisser le ton et annoncer le poids : mille unités ! Mais je n’étais pas né de la dernière pluie ; ce coup là on me l’avait déjà fait et je m’étais retrouvé avec de la roupie de sansonnet. Je veux bien être un bureaucrate vénal mais que ça rapporte quelque chose qui valait plus que du pezozie vulcanovien ! La morale peut avoir un prix après tout et ce prix doit être payé en monnaies valides, sinon on ne peut plus se fier à personne. Il perçut mon hésitation sous mon début d’étouffement et rajouta :
« En bathyphase bien sûr. Seriez vous intéressé cher voisin ?»
« Charriez pas, le dernier qui a voulu tenter le coup malgré les avertissements réitérés s’est liquéfié dès la seconde étape. Quoiqu’on ne sache pas réellement s’il était encore vivant, si on peut appeler ça comme ça, quand on l’a tiré de la glace. La cryo a ses limites n’est-ce pas. Mais il avait laissé des instructions, alors hop on a continué hein ! »
J’ai compris un peu trop tard que le bruit émanant de l’aldeb, et que son traducteur automatique pris de folie tentait de travailler comme si son champ magnétique devenait goniorrhéique, était en fait un rire. Terrifiant. Quasiment tout le bar s’était vidé quand le trafiquant avait dit qu’il allait en raconter une bien bonne. J’avais déjà fréquenté des gusses de ce genre mais jamais entendu leur rire. Donc je ne pigeais pas pourquoi tout le monde filait, et les gestes frénétiques dans ma direction, que certains, pris de pitié certainement, faisaient en indiquant l’interprète. Il m’a demandé si je savais ce qu’était un anuas et si j’en avais déjà essayé un… Pff, c’était comme si on me disait de chercher la clé du tarmac d’un astroport de campagne. Lui, ça le faisait « marrer ».
Mais on ne peut pas faire le vexé avec un aldeb adulte en phase apparente de transition mâle-femelle… Si c’est le seul moment où ils causent et font des affaires, c’est aussi le seul moment où ils ont de l’humour - quoique d’aucuns prétendent cet humour extrêmement relatif - et cherchent à le partager avec une insistance, disons, susceptible.
A mon grand soulagement, un temps infini plus tard (en fait quarante secondes environ, mais c’était assez difficile à saisir vu le bruit infernal que faisait le verre brisé qui dégoulinait encore des étagères) son caquetage tonitruant prit fin…
Le bar rouvrit ses portes. Il tendit l’un de ses appendices communicationnels vers moi :
« Nous cherchons un Taprobane, et payons cash, en colloïdes thalassoastres. »
Je faillis m’étouffer en entendant le traducteur baisser le ton et annoncer le poids : mille unités ! Mais je n’étais pas né de la dernière pluie ; ce coup là on me l’avait déjà fait et je m’étais retrouvé avec de la roupie de sansonnet. Je veux bien être un bureaucrate vénal mais que ça rapporte quelque chose qui valait plus que du pezozie vulcanovien ! La morale peut avoir un prix après tout et ce prix doit être payé en monnaies valides, sinon on ne peut plus se fier à personne. Il perçut mon hésitation sous mon début d’étouffement et rajouta :
« En bathyphase bien sûr. Seriez vous intéressé cher voisin ?»
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Extrait de la nouvelle libre de droits « Charité bien ordonnée » parue en 2005 au Cafard Cosmique sous le titre « Publicité bien ordonnée »
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