jeudi 8 janvier 2009

Poême d'André Chénier


« Dans nos vastes cités, par le sort partagés,
Sous deux injustes lois les hommes sont rangés.
Les uns, princes et grands, d’une avide opulence
Etalent sans pudeur la barbare insolence ;
Les autres, sans pudeur, vils clients de ces grands,
Vont ramper sous les murs qui cachent leurs tyrans,
Admirer ces palais aux colonnes hautaines
Dont eux-même ont payé les splendeurs inhumaines,
Qu’eux-même ont arrachés aux entrailles des monts,
Et tout trempés encor des sueurs de leurs fronts. »

André Chénier trahi et guillotiné par ses propres amis vérifie encore une fois l’adage de Talleyrand.

Ce morceau brutal, tiré d’Hermès (prologue du 3e chant), montre assez que si le poète peut être confondant de naïveté quant à sa perception de la réalité des hommes, son analyse du monde est, elle, confondante de lucidité.

Pourquoi j’aime André Chénier ? Mais à cause de la pureté de ses vers !

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